Vendredi
4 juillet 2014, le journal français « Le Monde », écrit
que dans l’extrême est de l’Ukraine, sur la colline de
Krasnodon, l’armée ukrainienne lance « l’assaut final »
pour « venir à bout de l’insurrection armée qui, depuis
deux mois et demi, embrase cette partie du pays ». « Nous
attaquons », a dit le président Petro Porochenko, rompant
ainsi le 1er juillet « un fragile cessez le feu de
dix jours ». Son ministre de l’Intérieur promettrait que
« les terroristes seraient vaincus en deux semaines ». Le
quotidien français ne dit pas quel est le nom de ce « ministre
de l’Intérieur » : s’agit-il du fasciste Ihor Teniouk
(ex-) ministre de la Défense, ou de son collègue, directeur du
Conseil National (de Kiev) de Sécurité Andriy Parubiy, qui n’est
autre que le directeur de la milice militaire du parti néo-nazi
Svoboda ? Et de quels « terroristes » s’agit-il ?
Le
journal « Le Monde » dans ce même article avoue par
ailleurs et en gros-titre ( !) « le bataillon
séparatiste de Krasnodon est composé en majorité d’employés des
mines environnantes (et de quelques volontaires russes) ». Ce
serait donc eux les « terroristes » ? Or on sait
qu’il reste beaucoup de communistes en Ukraine malgré la récente
interdiction du P.C.Ukrainien ainsi qu’en Russie, indépendamment
du gouvernement Poutine-Medvedev. Le périodique affirme aussi
que « depuis le début du soulèvement dans l’Est, la
frontière [Ukraine-Russie] est un enjeu vital pour les deux camps.
Sans son contrôle, pas de victoire possible. » Par ce même
journal, l’OTAN nous est confirmé comme un allié certain de Kiev,
en documentant son armée sur les mouvements des troupes, de
« l’équipement, les munitions et les volontaires russes ».
Ceux-ci viendraient surtout de Rostov-sur-le-Don, côté russe à peu
de kilomètres de Krasnodon. Ces volontaires seraient recrutés sur
Internet avant de se concentrer dans la ville frontière de Rostov
pour passer en Ukraine. Dans le sens inverse, des milliers de
réfugiés, fuyant les violences, se dirigeraient massivement vers la
Russie.
Car
alors que l’attaque se porterait « sur les places fortes
des séparatistes : Louhansk, Kramatorsk, Sloviansk,
Andratsyt… », l’envoyé spécial de « Le Monde »
affirme que « les séparatistes de Krasnodon » seraient
« plus de 300, à en croire Andrei, un des commandants du
groupe placé sous l’autorité de l’Armée du Sud-Est, la
principale branche armée des séparatistes qui ont proclamé
« Républiques Populaires » les régions de Donetsk et de
Louhansk. » Et il décrit alors Andrei comme « un jeune
homme calme, méticuleux », qui aurait « été nommé
commandant à 28 ans parce que en général on lui fait
confiance ». L’envoyé spécial même s’il rapporte la
« froideur » de « sa colère » (pour
reprendre ses termes) contre la prise de pouvoir par les fascistes de
Kiev, et « contre les patrons de sa mine qui gagnent cent fois
plus que lui en restant en sécurité à la surface », voudrait
en même temps nous faire croire à l’ inexpérience d’Andrei,
donc à une possible manipulation (sous-entendue russe), en décrivant
une perte de contrôle de soi de la part d’Andrei, ce jeune
commandant (Sachons que la plupart des jeunes commandants
révolutionnaires dans l’histoire mondiale n’étaient guère plus
âgés)… Et « en fait d’unité mobile » il décrit un
« étrange équipage d’une trentaine d’hommes, mêlant des
guerriers surarmés, l’air expérimenté, à de jeunes
combattants ». « L’un d’eux traîne une kalachnikov
trop grande pour lui », écrit-il…
Les
sous-entendus de l’envoyé spécial du Monde, essaient de prouver
l’amateurisme ou plutôt l’impréparation des séparatistes et
une manipulation qui ne pourrait être que russe. Et il veut ainsi
nous faire croire à une annexion pure et simple de Donetsk en
rapportant en anecdote et en conclusion : l’histoire du SMS
inattendu de l’opérateur du téléphone mobile, qui souhaite de
façon inattendue la « Bienvenue en Russie » (en russe)
en arrivant en voiture militaire par erreur dans cette ville :
Donetsk. Suite à la description d’un parcours en automobile dans
une confusion enfumée par les tirs de mortier ukrainien, partant de
Krasnodon… Mais à lire cet article on sait que sous nos yeux cette
révolte s’est réellement changée en révolution
anti-oligarchique ; son caractère de classe est évident. Et on
lit ailleurs que dans le journal « Le Monde » : « il
y a aussi les travailleurs de Russie, qui sont solidaires du peuple
frère ukrainien… ». Ce qui explique les volontaires russes.
En
fait Andrei ne ressemblerait-il pas plutôt à ces jeunes officiers,
plus ou moins improvisés, de la guerre révolutionnaire espagnole de
1936 contre le franquisme ? Cette guerre civile actuelle contre
un centre, pouvoir fasciste à Kiev, anti-communiste (une des
premières mesures de ce gouvernement a été d’interdire le P.C.
d’Ukraine), curieusement européiste et allié à l’OTAN,
ressemble réellement à un sursaut populaire rebelle de résistance.
On lit ailleurs que des forces de Progrès seraient passées à
l’offensive contre les forces fascistes de la Réaction. Faut-il
attendre l’issue de cette guerre pour reconnaître une tentative
d’organisation en républiques révolutionnaires et populaires ?
Donetsk, Louhansk, Donbass, voyez vous-même sur internet… Combien
de temps tiendront-elles ?...
Que
pensent et veulent réellement Poutine, Medvedev et Lavrov ?
Soutiendront-ils ouvertement une « République Populaire »
dans l’Est de l’Ukraine, jusqu’au bout ? Ce serait leur
intérêt ? Car c’est stratégiquement vital pour la Russie.
Et la menace de l’OTAN leur est évidemment inacceptable... Après
le début des sièges et pilonnages à armes lourdes, le 11 juillet,
des villes de Donetsk et de Louhansk, la nouvelle pour le 14 juillet
de cet avion militaire des forces de Kiev abattu par un missile russe
est-elle vraie ou est-elle de « l’enfumage médiatique » ?
Puis le 16 un autre ? Sachant que le gouvernement de Poutine n’a
pas reconnu les Républiques Populaires du Donbass, pour leur donner
au niveau international une existence légitime… L’Europe et
surtout l’Allemagne, sont-elles prêtes à se priver du gaz russe ?
Vraisemblablement pas, malgré des appels à sanctions anti-russes.
Mais l’U.E. (soutien aussi de Porochenko) peut-elle être entraînée
par les USA dans un conflit, surtout si Porochenko et ses forces
fascistes en arrivaient à faiblir ? Jusqu’à quel point les USA en
revanche veulent installer l’OTAN jusqu’à Odessa, en Crimée ?
Puis le 18 juillet tombe la nouvelle qu’un boeing des Malaysian
Airlines (avec à son bord un sénateur néerlandais, des
scientifiques et autres civils) en partance de Hollande en direction
de l’Australie a été abattu par un missile sol-air : les
deux parties, Kiev et les rebelles, s’accusent mutuellement…
Poutine en appelle à un règlement urgent du conflit.
On
sait que Poutine, Medvedev, Lavrov et tout le corps diplomatique qui
les accompagne, s’entendent bien avec Cuba (et avec l’ensemble
des pays de l’ALBA). Mais celui qui écrit ces quelques lignes ne
connaît pas la position officielle cubaine sur le sujet, depuis
avril dernier. Malgré sa puissance militaire certaine : il est
fort douteux que Cuba s’engage dans un conflit, le temps des
interventions africaines et angolane en particulier, est bien révolu.
En revanche Cuba (comme les autres pays de l’ALBA) reconnaitrait
certainement les Républiques du Donbass, si Poutine reconnaissait
ces Républiques Populaires… et que ferait la Chine ? Puis
alors d’autres pays ?
On
n’est pas loin d’une internationalisation du conflit de toute
façon… Mais jusqu’à quand vivront ces Républiques Populaires
de l’Est de l’Ukraine ?... Assurément le risque de guerre
mondiale pourrait bien leur survivre…
Miguel
Esteban, 18/07/2014.
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