vendredi 2 octobre 2015

"L'ex-RDA est un Mezzogiorno au centre de l'Europe"


Une fois n'est pas coutume, un article de qualité et honnête de la presse capitaliste sur l'annexion de la RDA. Nous recommandons donc la lecture de cet article de la Tribune du 2.10.2015.

http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/l-ex-rda-est-un-mezzogiorno-au-centre-de-l-europe-509960.html

Vladimiro Giacchè, économiste italien, est l'auteur d'un livre sur l'unification allemande qui vient d'être publié en français: "Le second Anschluss : l'annexion de la RDA" (éditions Delga). Dans cet entretien accordé à La Tribune, il dresse un bilan critique de ce qu'est devenu le pays 25 ans après sa réunification .


Vladimiro Giacchè est un économiste, actuellement partenaire d'une société financière, Sator, et président du Centre de recherche européenne de Rome. Il a écrit en langue italienne plusieurs essais depuis 2010. En 2014, il a publié un ouvrage sur l'unification allemande qui est aujourd'hui traduit en français aux Editions Delga*. Cet ouvrage, "Le Second Anschluss", déconstruit un des grands contes de fées contemporain : le succès de la réunification allemande. Dans un livre richement documenté et à la logique implacable, Vladimiro Giacchè montre que la RDA de 1989 était certes une économie déclinante, mais elle n'était pas « en banqueroute » comme l'ont prétendu les dirigeants ouest-allemands pour justifier une union monétaire rapide.
Il montre également que, avec cette union, mais aussi avec la mise en place de la Treuhand, l'organisme chargé de la « gestion » de l'économie est-allemande, et encore avec la création de « dettes envers l'Etat » des entreprises dont la légalité était douteuses, la RFA a procédé à une liquidation en règle d'une économie entière. Une liquidation qui s'inscrivait dans une négation complète de l'histoire de la RDA, dans sa réduction « à une note de bas de page de l'histoire allemande ». « Nous ne partons pas du principe de légitimité égale. Il y a la Loi Fondamentale et il y a la République fédérale allemande. Nous partons du principe que vous en avez été exclu pendant quarante ans », résumait Wolfgang Schäuble, le négociateur de l'unification pour la RFA devant ses homologues de l'est. Aucune chance n'a, en réalité, été laissée aux entreprises est-allemandes. Place nette aura été faite pour les groupes ouest-allemands et la population de l'ex-RDA en aura fait les frais. C'est pourquoi Vladimir Giacchè revendique le terme « d'annexion » qui a été banni du débat public allemand.
25 ans après la réunification, il est peut-être temps d'ouvrir ce dossier. D'autant que le scandale Volkswagen est venu rappeler que « l'exemplarité » allemande demeure sujette à caution. Valdimiro Giacchè y contribue, et il a accepté de répondre aux questions de La Tribune.
*V. Giacchè, "Le second Anschluss : l'annexion de la RDA", Delga, 2015, 201 pages, 19 euros.

La réunification allemande est généralement présentée comme un succès économique. Etes-vous d'accord avec cette vision ?
Vladimir Giacchè. Non. Mais, ce n'est pas moi, ce sont les chiffres qui décrivent une réalité différente. Dans l'ancienne Allemagne de l'Est, plus de 40 % de la population vit de transferts sociaux. Le taux de chômage est un peu moins du double de celui de l'ouest, le PIB par habitant se situe environ à 75 % de celui l'ouest (mais dans le seul secteur privé, il est plus bas d'encore 10 %). Au cours de ces 25 années, l'émigration vers l'ouest a concerné un peu moins de 3,8 millions de personnes sur une population de départ de 16 millions de personnes, alors que seulement 1,8 million d'Allemands de l'ouest ont fait le chemin inverse.
Les conséquences de cette situation sont un écroulement de la natalité, un vieillissement de la population et un dépeuplement des villes. Il ne s'agit pas là d'opinions, mais de faits. Et c'est aussi un fait que l'ancien territoire de la RDA depuis la chute du mur de Berlin a connu un des taux de croissance les plus bas parmi les anciens pays du bloc de l'est. Si l'on ajoute à cela que la contribution de ces territoires au PIB total allemand est inférieur à celui de la RDA (moins de 11 % en 2011 contre 11,6 % en 1989), il paraît évident que l'on ne peut imputer la responsabilité de cette situation à ce qu'il y avait avant ou au seul régime d'Honecker. La RDA faisait partie du bloc socialiste, comme la Pologne, qui était alors beaucoup plus arriérée et qui, ensuite, a connu des taux de croissance bien plus élevés. On peut faire la même constatation pour la République tchèque et la Slovaquie, et d'autres encore. L'ex-RDA reste un Mezzogiorno au centre de l'Europe.
Comment expliquez-vous cette situation ?
Elle s'explique en grande partie par la façon dont a été conduite l'unification de l'Allemagne, en particulier l'union monétaire voulue par Helmut Kohl, qui a ouvert la voie à l'union politique réalisée le 3 octobre 1990, mais qui a désertifié industriellement l'Allemagne de l'Est.
Pourquoi ? Quelles ont été les conséquences pour l'ex-RDA et pour l'Europe des choix monétaires du gouvernement Kohl ?
L'union monétaire des deux Allemagnes, entrée en vigueur le 1er juillet 1990, a été réalisée au mépris des avis négatifs émis par les experts économiques du gouvernement d'Allemagne de l'ouest et même du président de la Bundesbank. Ces derniers mirent en garde contre une union monétaire faite à la hâte, sans prévoir aucune période de transition. De plus, elle a été réalisée avec des taux de change totalement irréalistes. Le taux d'un mark de l'ouest pour un mark de l'est était absolument insensé si l'on prend en compte le fait que les rapports commerciaux entre les deux Allemagne en 1989 étaient établis sur un taux (accepté évidemment par les deux parties) d'un mark de l'ouest pour 4,44 marks de l'est.
Ce taux de change a signifié une chose très simple : une réévaluation des prix des biens produits à l'est de 350 %. Le même gouverneur de la Bundesbank, Karl Otto Pöhl, a déclaré plus tard que, de cette façon, l'économie de l'Allemagne de l'Est « fut soumise à un remède de cheval auquel aucune économie ne peut survivre ». Et de fait, les industries de l'Allemagne orientale perdirent, littéralement en un jour, trois types de marchés : celui de l'ouest, celui de l'intérieur de l'ex-RDA et celui de la Russie et des pays de l'est. Alors que, dans le même temps, les industries de l'Ouest se virent ouvrir les portes d'un marché de 16 millions de consommateurs. Ce sont ces mêmes industriels de l'ouest qui ont parlé du « boom de la réunification » pour l'ouest. Mais, pendant ce temps, les « blühende Landschaften », les « paysages en fleurs » promis par Helmut Kohl à l'est ne sont jamais venus. Les Länder de l'est ne sont absolument pas, 25 ans après, en mesure de s'autosuffire, mais ils doivent encore dépendre des transferts massifs du gouvernement fédéral, qui, en grande partie, finance la consommation.
Et pour l'Europe, quelles ont été les suites de cette unification ?
Pour l'Europe, les conséquences de l'unification allemande (monétaire, puis politique) ont été en particulier l'accélération de la construction européenne voulue par Mitterrand pour « contenir » la puissance d'une Allemagne qui avait acquis à nouveau une centralité géopolitique en Europe. L'Union monétaire européenne elle-même était une partie de ce dessein. Ses résultats ont cependant été opposés à ceux que l'on espérait alors : la Banque centrale européenne est devenue une sorte de Bundesbank continentale et l'orthodoxie néolibérale allemande a fini par s'imposer à toute l'Europe.
L'unification monétaire allemande peut-elle être considérée comme un modèle de la création de l'euro ?
Je ne dirais pas que c'est un modèle, si on signifie qu'il s'agit d'une répétition ponctuelle et intentionnelle de toutes les caractéristiques de l'union monétaire. Ainsi, dans le cas de l'euro, il n'y a pas une réévaluation anormale des autres monnaies par rapport au mark dans la fixation du taux de change. On peut cependant souligner qu'une réévaluation a bien eu lieu et, par exemple, dans le cas de l'Italie, le président de la Bundesbank, Hans Tietmeyer - qui faisait partie de l'équipe de négociateurs de l'union monétaire allemande - négocia le taux de change avec beaucoup d'obstination.
Il existe cependant un parallèle possible ?
Oui, car l'essentiel est ailleurs. Aujourd'hui, beaucoup d'économies européennes souffrent des mêmes maux que celle de l'Allemagne de l'Est après l'introduction du mark de l'ouest : chute du PIB, désindustrialisation, taux de chômage élevé, déficit de la balance commerciale, émigration. Ce n'est pas un hasard. La monnaie unique a accentué la spécialisation productive en Europe, en renforçant le principal producteur de produits manufacturiers au détriment des pays ayant une productivité du travail plus faible. Ce processus a été aggravé par une politique mercantile allemande agressive - une politique économique qui mise tout sur les exportations, au point de sacrifier la demande intérieure.
Cette politique a été rendue possible par deux mouvements : les relations de sous-traitance avec les pays à bas salaires de l'est européen qui ne font pas partie de la zone euro et la réforme du marché du travail menée par Gerhard Schröder. Grâce à « l'Agenda 2010 », la dynamique salariale allemande s'est maintenue bien en dessous de l'inflation et même de l'augmentation de la productivité du travail. Cette productivité a, entre 2000 et 2012, augmenté de 14 %, mais les salaires réels ont diminué de 1 %. En France, dans le même temps, la productivité a progressé de 12 %, mais une grande partie de cette hausse a été transférée aux salaires.
La monnaie unique empêche une récupération de la compétitivité par le réajustement des taux de change et l'adoption d'une politique mercantile dans un tel contexte a créé des déséquilibres croissants des balances commerciales à l'intérieur de la zone euro. Ceci a conduit à une désindustrialisation progressive dans les pays de la périphérie, mais aussi en France, qui, en revanche, a permis à l'Allemagne, de renforcer grâce aux exportations la composante industrielle de son PIB.
Cette désindustrialisation est commune avec celle de la RDA ?
Cette désindustrialisation de la périphérie contient, à la longue, des logiques explosives, et rend nécessaires des transferts du centre vers la périphérie. Si je veux que la zone euro appauvrie et désindustrialisée continue à acheter mes marchandises, je dois financer ses consommations. C'est ce qui s'est passé avec la RDA. Mais c'est justement cette partie du modèle que l'Allemagne se refuse à copier. Elle préfère maximiser ses avantages à court terme.
Il est clair qu'une union monétaire qui alimente de tels déséquilibres en son sein ne peut résister à long terme. On ne peut davantage penser qu'elle puisse fonctionner par la pure et simple exportation du modèle de « l'Agenda 2010 » dans les autres pays. Pour deux raisons. La première est que toute politique mercantile fondée sur la déflation salariale suppose nécessairement que les autres ne suivent pas la même politique. Autrement, le seul résultat sera une course à la baisse des revenus et ce sera un appauvrissement généralisé. La deuxième raison est que la diminution des salaires dans les pays en crise affaiblit la demande et frappe les entreprises qui travaillent sur le marché intérieur, avec, comme résultat, de détruire la capacité productive et d'aggraver la crise. On l'a vu en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie et aussi en France.
Dans le nouveau mémorandum grec, il existe un « fond de privatisation » qui semble inspirée par la Treuhand allemande. Le parallèle vous semble pertinent ?
Il est absolument pertinent. La Treuhandanstalt, l'institution qui a privatisé entièrement l'économie de l'Allemagne de l'Est, a été explicitement proposée à la Grèce comme un modèle à suivre depuis 2011 par Jean-Claude Juncker, qui était alors président de l'Eurogroupe et est aujourd'hui président de la Commission européenne. « Je saluerais avec plaisir le fait que nos amis grecs créent une agence de privatisation indépendante, sur le modèle de la Treuhandanstalt allemande, dans laquelle des experts étrangers auraient aussi une place », a-t-il alors affirmé.
L'adoption de ce modèle a été définitivement établie dans le dernier « plan de sauvetage » de la Grèce signé par le gouvernement Tsipras. Et ceci est paradoxal : la Treuhand détruisit une richesse de l'ordre de 900 milliards de marks de l'ouest (environ 450 milliards d'euros, NDLR) et fut tâchée de scandales d'escroqueries et de corruptions. Il y a même eu une commission d'enquête parlementaire sur elle. Il s'agit d'une institution qui, avec le mot d'ordre: « la privatisation est le meilleur assainissement », opéra de fait une liquidation des actifs industriels de la RDA, déjà dévalorisés par l'union monétaire. Les conséquences pour la Grèce seront les mêmes : une liquidation du patrimoine d'infrastructures et des industries d'Etat

vendredi 4 septembre 2015

Front supranational


 

Le tout nouvel eurogroupe parlementaire « Europe des Nations et des Libertés », coprésidé par Marine Le Pen et Marcel de Graaff (PVV néerlandais), mérite toute notre attention, non seulement parce qu'il constitue une nouvelle avancée des forces fascisantes dans le cadre de l'Union Européenne, mais parce que son étude fournit de précieux arguments à ceux qui présentent le FN
comme un rempart contre la mondialisation capitaliste.

Xénophobes de tous les pays...

Bien évidemment, tous les membres de ce nouveau groupes sont des xénophobes de choc, qui prétendent combattre la finance en tapant sur ces surexploités que sont les travailleurs immigrés. C'est notamment le cas de la dissidente du Ukip britannique, et du KNP polonais – une formation ultracatholique opposée à l'avortement, qui vient de mettre la pédale douce à son antijudaïsme pour sortir de l'isolement. Certains travaillent patiemment à banaliser le nazisme, comme le co­président Wilders lui­même, qui a traité le Coran de "Mein Kampf islamique", et les Autrichiens du FPÖ, dont le bal annuel voit valser sur les parquets viennois des nostalgiques de Hitler ­ Marine Le Pen en avait été l'invitée d'honneur en 2012. Rien d'étonnant, dans le fond...
... démembrez votre pays !

Plus instructive est la présence aux côtés du Front « National » de députés de la Ligue du Nord, qui comme de juste détestent les étrangers, mais considèrent en outre que les Italiens du sud entrent dans cette catégorie, traitent le gouvernement romain de « voleur », et réclament la création d'une « Padanie » indépendante, ce qui tuerait l’État national italien. Quant au Vlaams Belang, dont le représentant complète la photo de famille, il milite pour une Grand Flandre qui amputerait les territoires néerlandais et... français ! Sans parler de sa détestation de la langue française, et de son soutien aux nationalistes réactionnaires bretons d'Adsav...

Il y a juste un an, nous rappelions en éditorial la visite de Marion Maréchal­ Le Pen à la Fête européenne de ce parti. La complicité entre les pseudo­souverainistes du FN et ces dépeceurs d'Etats nationaux, qui s'inscrivent parfaitement dans la stratégie surpranationale de l'Europe des régions, s'est considérablement renforcée depuis, et nous avons une nouvelle confirmation qu'en France, l'anticommunisme n'est jamais patriotique : comme sous Pétain, il ne brandit le drapeau tricolore que pour mieux le traîner dans la boue, et n'organise la chasse aux bronzés que pour laisser les commandes à Berlin.


mardi 18 août 2015

Une lettre de Margot Honecker envoyée au CISC


(Rappel: Margot Honecker fut la ministre de l'éducation nationale de RDA de 1971 à 1989.
 Elle vit aujourd'hui exilée au Chili)


Cher camarade Georges Gastaud,

Soyez remercié pour vos salutations fraternelles.

Notre comité a de tout temps fait honneur à son nom. Toujours il reste aux côtés des personnes les plus durement persécutées, aux cotés de ceux qui s’opposent toujours, et partout dans le monde, à la diabolique action de l’impérialisme. Pour prolonger sa survie, l’impérialisme s’appuie sur le fascisme et n’hésite pas à en revenir à des guerres criminelles.

L’unité tant promise de l’Europe sous domination impérialiste est une farce. Cette Europe est divisée entre le haut et le bas, entre les riches et les pauvres. L’impérialisme allemand a de nouveau obtenu son hégémonie sur l’Europe et il l’a utilisée sans le moindre scrupule relatif à son passé.

Il est temps de reconnaître les périls qui menacent les peuples. Notre comité ne fait pas peu pour ouvrir les yeux des êtres humains.

Je vous souhaite, ainsi qu’à vos compagnons de lutte, de nouvelles actions réussies.

Salut solidaire de votre camarade Margot Honecker.

mercredi 1 juillet 2015

Qu'est-ce que le C.I.S.C. ?

Anciennement dénommé Comité Erich Honecker de Solidarité Internationaliste, le Comité Internationaliste pour la Solidarité de Classe agit, comme son nom l’indique, pour développer la solidarité politique et matérielle avec les communistes, les progressistes et les antifascistes persécutés dans le monde et en Europe.

Dès la chute de l’URSS et l’annexion de la RDA par la RFA revancharde, le CISC , ex-CHSI, a dénoncé l’essence contre-révolutionnaire des prétendus « bouleversements démocratiques » portés par la clique gorbatchévienne.

Il ne s’agissait pas pour le CISC de donner une analyse approfondie des causes de la contre-révolution car face à la chasse aux sorcières géante qui a suivi la chute de la RDA, de l’URSS et du camp socialiste, les communistes, internationalistes véritables et antifascistes de France et d’Europe devaient avant tout s’unir pratiquement pour soutenir les camarades persécutés en ex-RDA, dans les pays baltes, les anciens pays socialistes (lois de « lustration » en Tchécoslovaquie et en Pologne, emprisonnement de militants, expulsion de la fonction publique, « pensions punitives » pour les ex-fonctionnaires de R.D.A., interdiction pure et simple des partis communistes et autres lois liberticides prises sous prétexte… de combattre le « totalitarisme » !!!).

Le CISC ne juge pas dans le détail de l’action politique au long cours des dirigeants comme Honecker ou Krenz, il part de la question « qui juge qui ? » et du constat que la barricade n’a que deux côtés : les revanchistes capitalistes et impérialistes qui ont détruit les pays capitalistes sous l’égide de l’Occident n’ont pas qualité pour juger les communistes et les antifascistes. Ils peuvent tous cependant constater, comme le font les peuples de l’Est (c’est ce que les médias appellent l’ OSTALGIE), que le bilan de la restauration capitaliste à l’Est est globalement tragique pour les acquis sociaux, pour les droits des femmes, pour la paix civile et internationale, pour la souveraineté des peuples – aspirés par le broyeur de l’UE liée à l’OTAN – pour l’emploi industriel (la plupart des pays de l’est exportent massivement des travailleurs surexploités et « détachés » sur les marchés occidentaux à défaut de pouvoir offrir du travail sur place).

Ce bilan est également très négatif pour le rapport des forces mondial entre le Capital et le Travail, entre l’impérialisme et les peuples opprimés : ils promettaient la paix, la démocratie « sans rivage » et la prospérité, et la re-mondialisation capitaliste n’apporte que guerres impérialistes, que déchirements civils, que montée de l’extrême droite raciste ou communautariste, que crise et creusement des inégalités.

C’est également vrai pour la France : l’anéantissement de l’Europe socialiste et la prétendue « réunification » allemande ont permis, avec la complicité des élites anticommunistes françaises, le lancement en grand de l’UE maastrichtienne et atlantique qui détruit méthodiquement les acquis positifs de notre pays, indépendance nationale, République une et indivisible, conquêtes sociales de 1945, etc. La criminalisation de la Révolution d’Octobre et du pays de Stalingrad, scandaleusement amalgamé dans les manuels scolaires (au nom de l’ « antitotalitarisme » sans contenu de classe) au nazisme, que les Soviétiques ont vaincu au prix d’un héroïsme de masse, a ouvert la voie au démontage des acquis de la Révolution démocratique bourgeoise en France même, tant le capitalisme actuel est devenu réactionnaire « sur toute la ligne » (Lénine).

Le CISC a donc mené de multiples campagnes pour la libération de Honecker, mais aussi pour les communistes allemands, polonais, baltes, hongrois, persécutés. Il est actif pour la solidarité avec Cuba socialiste, qui a tenu bon face à la vague contre-révolutionnaire mondiale, et qui a permis de nouvelles dynamiques révolutionnaires en Amérique latine.

Le CISC combat également la politique de fascisation de l’Europe, et tout d’abord de l’Ukraine, sous l’égide de l’UE et de l’OTAN, car LA CRIMINALISATION DU COMMUNISME PAVE LA VOIE DE LA REHABILITATION DU NAZISME ;

La présidence d’honneur du CISC est toujours assumée par Margot Honecker, ancien ministre de l’Education nationale de RDA, et par Mumia Abu-Jamal, le militant antiraciste et internationaliste états-unien injustement incarcéré depuis plus de 20 ans aux « libres » Etats-Unis d’Amérique. Un rôle déterminant dans la création du CHSI a été joué par les regrettés Henri ALLEG et Désiré MARLE, prêtre-ouvrier communiste et figure de la métallurgie CGT à Lens.

L’actuel président du CISC est Jean-Pierre Hemmen, fils de Fusillé de la Résistance, réprimé naguère pour avoir refusé de porter l’uniforme sous les ordres du général Speidel, ex-officier de la Wehrmacht devenu commandant en chef de l’OTAN. Vincent Flament et Georges Gastaud, fondateurs du CHSI, sont les secrétaires actuels du CISC dont le bulletin trimestriel se nomme SOLIDARITE DE CLASSE.

dimanche 28 juin 2015

Après le massacre raciste de Charleston, Mumia Abu-Jamal dénonce l'essence raciste de l'impérialisme états-unien

Remerciant la camarade républicaine espagnole qui a traduit ce texte de Mumia Abu-Jamal pour I.C., « Initiative communiste » demande à chaque visiteur de son site, non seulement de le lire et de le faire circuler, mais de le méditer. Non seulement pour comprendre la situation aux Etats-Unis, non seulement pour comprendre ce que peut être une attitude combative contre le crime mais non haineuse à l’égard des hommes, mais pour apporter toute notre solidarité à Mumia, injustement embastillé depuis plus de vingt ans par la « justice » raciste américaine.

Rappelons que Mumia est, avec Margot Honecker (et les regrettés Henri Alleg et Désiré Marle), l’un des présidents d’honneur du C.I.S.C. (comité internationaliste pour la solidarité de classe).

CHARLESTON

Un jeune Blanc, juste en âge d’être pris pour un adulte, entre dans l’église la plus historique pour les Noirs de Charleston et, avant qu’il n’en sorte, une nouvelle histoire s’est écrite.

Présent aux cours bibliques du mercredi soir, le jeune homme s’assit pendant près d’une heure, mais ses pensées ne se tournaient pas vers la vie de Jésus, ni vers ses Disciples. Ses pensées se tournaient vers la mort. Vers l’envie d’en tuer beaucoup. Vers un assassinat de masse. Quand les portes de l’église se ferment derrière lui, neuf âmes de Noirs, des anciens respectés pour la plupart, ont été fauchées, tués la bible à la main.

L’homme, enfin le jeune homme pas tout à fait homme, ne venait rien apprendre de la religion parce qu’il croyait déjà en quelque chose: la supériorité des Blancs, ou leur profonde haine contre les Noirs.

Suprématie des Blancs, c’est là le lait que tètent les bébés du sein des mères de Charleston, de Caroline du Sud, du Sud… De l’ensemble des Etats-Unis. Parce que la vérité pure, c’est que l’esclavage fonda et construisit les Etats-Unis; la clef de voûte fut la dévaluation, exploitation et oppression des Noirs. C’est la seule chose qui puisse rendre le massacre de Charleston vaguement compréhensible.

Neuf personnes furent sacrifiées à l’idole aveugle de la Supériorité des Blancs, pour la même raison que des milliers d’hommes et de femmes noirs furent linchés entre les ormes et les pins nord-américains: comme sacrifiés au nom d’une idée pour perpétuer un système d’injustice économique.

Dylan Roof, le jeune homme de 21 ans accusé d’être à l’origine de ce massacre, n’avait pas d’amis, n’avait pas d’endroit pour vivre, si ce n’est un sofa chez une de ses connaissances, il n’avait pas de travail et entretenait des relations espacées avec ses parents. Isolé, aliéné, seul au monde, la seule possession qui lui restait était son identité de Blanc, la seule chose qui donnait du sens à son existence. Telle fut l’énergie qui nourrit le massacre de Charleston.

Maintenant, cette énergie est comme un démon incube dans l’âme nord-américaine, en pleine ébullition de rage et de peur, guettant de nouvelles vies de Noirs à dévorer.

samedi 20 juin 2015

En Ukraine comme ailleurs, non au fascisme ! No Pasaran ! Plus d’un an après Maidan 2 : voici Maidan 3…

En ce moment, depuis dimanche 7 juin, à croire les agences de presse Tass et Ruptly, elles-mêmes relayées par internet, des tentes de manifestants demandant pacifiquement des comptes au gouvernement apparaissent à nouveau place Maidan à Kiev : « Maidan 3 » comme l’appelle Roustam Tachbaev, un des organisateurs du mouvement… alors que ce qu’il conviendrait d’appeler « Maidan 2 » est encore chaud et qu’une véritable guerre civile fait rage à l’Est, dans les régions du Donbass…

A la fin de l’année 2013, la population ukrainienne se montrait divisée : 38,0% approuvait une association avec la Russie, alors que 37,8% préférait une alliance avec l’Europe. Mais 24,2% ne se prononçait pas, selon les sondages d’alors.

En même temps, 41% des ukrainiens considéraient que la priorité politique et économique devait être l’intégration à l’Union Européenne (U.E.), et à l’inverse 33% se montraient partisans d’une union douanière avec la Russie limitrophe et historiquement très liée, selon des statistiques révélées par des voies de presses et autorités universitaires.

A cette époque, le refus du président ukrainien (élu constitutionnellement), Victor Yanoukovitch, de signer un accord d’association avec le bloc communautaire U.E., a poussé des activistes tant d’extrême droite comme de partis libéraux à se concentrer à la Place de l’Indépendance de Kiev (Place Maidan), comme des années auparavant pour la « Révolution Orange »… Maidan 2 s’attaquait à un régime réputé corrompu, huit ans après Maidan 1 qui promettait déjà liberté et prospérité…

Or le 18 février 2014 (Maidan 2), en ce lieu commença l’étape la plus sanglante des manifestations pro-européennes qui, avec beaucoup de violences et de manipulations, a entrainé comme on le sait un changement de pouvoir dans le pays. Dans ces troubles très violents, ont pris part de façon très active le groupe fasciste PravySector et le Parti d’extrême droite Svoboda, lesquels ont bénéficié de l’appui de l’Occident et de ses forces spéciales pour déstabiliser l’ordre du pays. Notre Comité Internationaliste de Solidarité de Classe l’a dénoncé à maintes reprises, surtout par la publication de son bulletin en langue française, et par une pétition rejetant les dangereuses ingérences occidentales en Ukraine, déstabilisant dans la violence cette région aux mépris de graves conséquences qui peut-être la mondialisation d’un conflit : et c’est encore vrai.

Comme résultat de trois jours d’affrontements particulièrement violents, 73 civils et 11 effectifs gouvernementaux, policiers et militaires, perdirent alors la vie. La majorité d’entre eux par des tireurs isolés (snipers) non-identifiés qui ouvrirent le feu contre la foule assemblée au centre de Kiev. L’ensemble de cette situation provoqua alors la destitution de Yanoukovitch, fait que beaucoup d’observateurs internationaux signalèrent comme inconstitutionnel.

A plus d’un an de ces événements violents (de Maidan 2), de nombreuses questions restent en suspens : Qui furent réellement les responsables des attaques contre manifestants et policiers ? Les promesses utilisées par les manifestants pour mobiliser l’opposition au gouvernement d’alors, ont-elles été réalisées ? Qu’ont obtenu ceux qui sortirent manifester pour exiger des améliorations de leurs conditions de vie, il y a un peu plus d’un an ? C’est ce que Maidan 3 veut apparemment rappeler aujourd’hui…

Le gouvernement victorieux post-coup-d’Etat, avec l’appui de médias occidentaux, attribue toujours la responsabilité du massacre de Maidan 2 à des officiers de Police de l’époque. Et la responsabilité suprême retombe alors sur le président destitué Yanoukovitch, ou quelqu’un de ses forces de sécurité qui aurait alors donné l’ordre de supprimer ces manifestations.

Malgré tout, le 5 mars 2014, déjà, et sans que nos médias n’en fissent grand échos, a été rendue publique un enregistrement de conversation entre la Chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton et le ministre des Affaires extérieures d’Estonie, Urmas Paet. Ashton affirmait : « A mesure de l’enquête il est de plus en plus évident que derrière les tireurs isolés, il n’y avait pas Yanoukovitch mais quelqu’un de la nouvelle coalition ». L’authenticité de cet enregistrement a été reconnue par Paet lui-même.

Pendant ce temps dans l’ex-république soviétique, l’étude de toutes les preuves disponibles, ont indiqué que les auteurs des crimes n’ont pas été des agents de la sécurité, mais bien des civils armés, toutefois on n’a jamais cherché à en savoir plus.

De la même façon, une commission spéciale du Parlement ukrainien a conclu que le premier coup-de-feu fut dirigé contre les policiers. De plus les balles extraites des corps des victimes n’ont jamais coïncidé avec les modèles d’armes-à-feu automatiques utilisées par les effectifs gouvernementaux. Pourtant cette commission a seulement rapporté que la responsabilité de ces faits retombait sur des membres d’ « entités sociales qui échappaient au contrôle », sans préciser lesquelles et surtout sans autres enquêtes.

D’un autre côté, il est évident aujourd’hui que la situation de ce pays de l’Est de l’Europe ne s’est pas améliorée comme l’avaient promis ceux qui ont appelé à l’insubordination au gouvernement de Yanoukovitch. A l’Est ukrainien, dans les régions que l’on appelle « séparatistes » de Donetsk et Lugansk, celles qui se sont constituées en Républiques Populaires du Donbass, des centaines de civils sont morts comme résultats d’affrontement entre l’armée ukrainienne, envoyée par Kiev et fournie en armes, moyens logistiques par l’Occident (U.E. et USA), et les milices populaires autochtones. Ces deux territoires n’ont pas accepté le gouvernement russophobe de Pietro Poroshenko, qui compte des ministres fascistes. Ces deux territoires russophones se sont logiquement et par volonté populaire déclarés indépendants le 12 mai 2014, comme auparavant la Crimée, russophone aussi, mais non-limitrophe et que l’on dit maintenant annexée par la Russie.

Selon la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies, le conflit dans l’Est de l’Ukraine a provoqué le déplacement de près d’un million de personnes et l’exil de 600 000 réfugiés, en plus des morts (plusieurs centaines voire milliers de civils). Le conflit –qui ressemblerait actuellement à une « guerre de positions »- serait-il « gelé », comme on le prétendrait diplomatiquement ou même médiatiquement ?

Dans ce contexte, faisant échos à ceux de septembre 2014, en février 2015, surviennent ceux que l’on appelle « les Accords de Minsk 2 » : Ukraine, Russie, Allemagne, France, réunies en Biélorussie, se sont accordées pour tenter à nouveau d’atteindre un « cessez-le-feu » total, avec échanges de prisonniers et larges corridors, à partir du 15 février dernier, et ainsi mettre fin à la situation de guerre de cette région. Un pacte qui devra se réaliser en plusieurs étapes. Celui-ci prévoit entre autres points : une nouvelle constitution ukrainienne avant la fin de l’année 2015 et les reconnaissances de « larges autonomies » (à définir) pour les régions de Donetsk et de Lougansk dans le cadre d’une sorte de fédéralisme décentralisé. Ce point risque de ne pas faire l’unanimité au sein du gouvernement de Poroshenko à Kiev, comptant des « ultra-nationalistes ».

On se demande parfois, si aux vues de l’histoire, la nation ukrainienne, « Petite Russie » à l’époque tsariste, ex-république soviétique, ensemble non-homogène d’origines ethniques : polonais, bulgares, cosaques, russes, etc, qui n’a pas une réelle unité de langue, est réellement une nation, et non une simple région agricole, minière à l’Est, maritime au Sud, qui avait une raison d’être dans un ensemble soviétique ou comme « colonie » du Tsar de Russie ? On se demande si la nation ukrainienne actuelle n’a pas d’existence seulement dans la tête d’une minorité de fascistes pronazis admirateurs de Stepan Bandera, qui par antisoviétisme collabora avec l’Allemagne du IIIème Reich ? Or cette minorité fasciste pronazie avec ses milices et autres groupements paramilitaires, se trouve actuellement dans le gouvernement de Poroshenko, à Kiev. C’est là le gros problème.

Par ailleurs, l’économie ukrainienne, avant les événements de Maidan 2, n’était déjà pas en bon état. Et avec l’arrivée au pouvoir de Petro Poroshenko, le pays a signé un accord économique avec l’U.E. qui contenait un programme de réformes du Fonds Monétaire International (FMI). Cela s’est traduit en augmentations additionnelles des prix des services publics et des coupes budgétaires dans les aides sociales. Selon des données officielles publiées en 2014, les salaires des ukrainiens ont été réduits de 11,4% comparés à ceux de septembre 2013. Et pendant ce temps, la monnaie nationale a été dévaluée de plus de 50% par rapport au dollar.

A cela on ajoute l’augmentation des prix et des tarifs. Par exemple, à Kiev le prix d’une barre de pain était en automne 2014 trois fois ce qu’il était un an auparavant, en même temps les tarifs des services publics ont pratiquement été multipliés par deux. Pendant cette même période, le gouvernement ukrainien a collecté un total de 1 400 millions de grivnes (1,4 milliard) auprès des ukrainiens, comme impôt voté par la Rada Suprême (l’Assemblée Nationale ukrainienne) pour financer la guerre à l’Est. Guerre impopulaire, si l’on considère que parfois les envoyés de Kiev ont fraternisé avec les « séparatistes » du Donbass.

Dans ces conditions, toujours est-il que l’Exécutif de Poroshenko n’a plus les moyens d’obtenir l’argent dont il a besoin pour remplir ses engagements budgétaires (si ce n’est en recevant de nouvelles subventions de l’U.E. ou des USA). Des données officielles de début 2015 nous révèlent que la production industrielle se situe à un niveau 16,3% plus bas que celui qu’elle avait un an auparavant. Et la Banque Centrale a admis que le pays ne dispose pas de réserves d’or.

En tenant compte du fait que la dette d’Etat s’élève à 74 000 millions de dollars (74 milliards, alors que la Grèce, membre de l’U.E., ne doit qu’ 1,5 milliard à l’U.E… et nos médias en font tout un plat sans parler de l’Ukraine…), la nation ukrainienne n’est pas en mesure d’honorer ses engagements de paiement de dettes et peut seulement offrir comme garantie pour les crédits du FMI les mesures antisociales exigées par l’Occident. Mais elle (non membre d’U.E.) est un enjeu géostratégique pour l’Occident et l’OTAN contre la Russie, autant qu’un enjeu économique en réserves de ressources naturelles et agricoles. Autrement dit, la néo-colonisation financière de l’Ukraine par l’Occident est très avancée : alors qu’on accuse la Russie de ne pas respecter la souveraineté ukrainienne, celle-ci est en fait menacée par l’Occident…

Faisant partie des promesses faites durant les manifestations de Maidan 2 (il y en a eu beaucoup de la part de l’U.E. comme des USA ; on se souvient de Murphy, Mac Cain, Nuland et autres comme du rôle du CDU allemand) à seule fin de mobiliser l’opinion publique pour que celle-ci appuie le mouvement contre le gouvernement d’alors : une promesse était qu’une fois la victoire acquise, tous les ukrainiens auraient le droit d’entrer dans les pays d’Europe occidentale sans visa. Cet « objectif » est resté loin de la réalité aujourd’hui, car craignant une vague de migrants, réfugiés fuyant un pays soumis à des affrontements violents, l’U.E. a renforcé les conditions d’obtention de visa pour les citoyens ukrainiens.

A propos de la mainmise d’oligarques sur le pouvoir : des analystes signalent que la tendance s’est encore aggravée substantiellement et que pour la première fois, ces oligarques disposent du contrôle politique de régions clefs du pays. Par exemple le multimillionnaire Igor Kolomoyskyi est gouverneur de la province de Dniepropetrovsk, et c’est une des figures politiques ukrainiennes les plus influentes. En même temps, ces mêmes oligarques ont protégé et misé sur la présence de bandes d’extrême droite au Parlement. Comme c’est le cas du commandant du bataillon Azov, Andrey Biletsky, connu pour son point de vue ouvertement néo-nazi ; le commandant du bataillon Donbass, Semyon Semyonchenko ou celui du bataillon Dnepr-A, Yury Bereza.

Alors que sont devenues les demandes initiales de Maidan 2, sans parler de celles de Maidan 1, cette « Révolution Orange » d’il y a 10 ans ? La manipulation des peuples ukrainien et européens n’est-elle pas maintenant évidente ? Autant que ne l’est à Kiev le péril fasciste tant au gouvernement qu’au Parlement. L’URSS puis les Alliés de l’époque, ont su l’écraser il y a 70 ans. L’U.E., aidée en cela par les USA, le rétablit-elle maintenant ? La Russie a célébré en grand la Victoire de 1945, le 8/9 mai dernier : Poutine se montre au monde en grand garant contre le fascisme. Nous nous demandions dans un article précédent, l’été dernier, s’il allait soutenir ouvertement les Républiques Populaires du Donbass contre Kiev : maintenant c’est certain. Le gouvernement de Poroshenko, c’est des oligarques et des fascistes au pouvoir, mais c’est aussi une néo-colonisation de l’Ukraine par l’Occident. C’est surtout l’OTAN en Ukraine. Autant de raisons pour que Poutine, Medvedev, Lavrov ne lâchent pas : leur diabolisation par l’Occident est ridicule. La Russie est exclue du G7, pourtant un des premiers thèmes abordés lors du récent sommet de juin 2015, est l’Ukraine, on devrait dire « la guerre en Ukraine » : les 26 morts de ce conflit, trois jours auparavant, malgré les Accords de Minsk de février, ont su rappeler l’importance internationale du problème.

Un gouvernement de fascistes et d’oligarques n’est pas soutenable, Mme Merkel, M. Hollande, surtout si ce gouvernement est issu d’un coup d’Etat déguisé, et de sanglantes manipulations, dont les USA et la CIA en seraient véritablement les seuls bénéficiaires avec l’installation de l’OTAN à la frontière russe. Les peuples de l’U.E., à commencer par le peuple français qui doit largement sa libération à l’Armée soviétique (dixit De Gaulle lui-même à l’époque), n’ont aucun intérêt à un conflit avec la Russie ; en revanche les peuples d’Europe ont tout-à-craindre et tout-à-perdre dans le développement d’un pouvoir fasciste armé en Europe à l’Est comme ailleurs. Le peuple de Kiev se réveillerait à nouveau aujourd’hui : saura-t-on l’entendre ? Que se passera-t-il si des fascistes pourtant déjà au gouvernement, grâce à de nouvelles manipulations, réalisent un nouveau coup d’Etat contre un Poroshenko jugé trop mou, trop conciliant envers Poutine et les « séparatistes » ? Une Ukraine néo-colonisée économiquement n’est-elle pas vouée à l’éclatement ?

Linet Perera Negrín et Miguel Esteban, 14 juin 2015.

jeudi 1 janvier 2015

Une ère de nouvelles relations entre Cuba et les Etats-Unis ? Et la Chine, les BRICS et l’ALBA dans tout ça ?


En 1996, Fidel CASTRO, conscient des souffrances de son peuple dans la guerre économique menée par les USA, accrues alors depuis 5 ans (disparition de l’URSS et du Comecon, donc de l’ensemble des associés économiques !), accrues par la loi Torriceli de 1992, et par les récentes lois Helms-Burton, va finalement au Vatican. Non pas pour prier. Mais avec respect, pour obtenir un soutien diplomatique international. L’acharnement inhumain étasunien contre Cuba est à son comble. Il obtient de Jean-Paul II (que personne ne soupçonnait ni ne soupçonne ni ne soupçonnera jamais de sympathie communiste !) sa visite sur l’île en 1998. La condamnation papale morale et universelle du blocus étasunien contre Cuba est sans équivoque. On aurait tord de sous-estimer ce fait, mais on aurait tord aussi de le surestimer ! Même si par la suite sous Benoît l’église s’est faite négociateur pour libérer des prisonniers cubains dits « politiques », ce n’est finalement que 18 ans après, qu’à la suite de 18 mois de négociations (grâce au secret absolu, patient et diplomatique canadien, recevant les délégations des deux pays concernés) que le pape François obtient du président Obama un échange de prisonniers historique : La Havane libère Alan Gros, véritable espion américano-sioniste subversif pour le compte de la CIA et du très officiel Département d’Etat (!), ainsi qu’un autre agent incontestable Rolando Sarraf Trujillo, ainsi que plusieurs dizaines d’autres agents étasuniens ; en échange, malgré leurs lourdes peines surréalistes, Washington libère Antonio, Ramón et Gerardo, qui sont avec Fernando et René (les deux déjà libérés et à Cuba, après avoir purgé la totalité de leurs peines injustes) : les 5 antiterroristes cubains. Ces derniers avaient été infiltrés fin des années 90 dans les milieux mafieux anti-cubains de Miami, à seule fin d’informer La Havane des projets d’attaques terroristes contre l’île : ils sont devenus très légitimement depuis 12 ans 5 héros de la République de Cuba, connus internationalement comme « les 5 de Miami ». Le retour de ces héros sur l’île a suscité joie populaire, sincère et fêtes spontanées, qui résonnent encore : c’était le 17/12/2014. C’était à la suite d’un long entretien téléphonique la veille, entre Barack Obama et Raúl Castro. Mais ce n’est pas là qu’un simple échange de prisonniers...

Il est réjouissant de savoir que Fidel à plus de 88 ans a pu assister à ce dénouement. « Volverán » (« Ils reviendront ») avait-il su nous inculquer cette inébranlable certitude il y a plus de 12 ans. Finalement « volvieron » (« Ils sont revenus »)… Surtout que de ce fait les principaux obstacles concrets, encore actuels à une possible « normalisation » des relations diplomatiques Cuba-USA, ont disparu. Ces relations étaient rompues depuis le 3 janvier 1961 : 53 ans… Depuis longtemps déjà Cuba souhaitait un rétablissement même partiel des relations diplomatiques, et des conversations dans le respect des souverainetés et indépendances. De gestion des flux migratoires certes, et surtout aussi de lutte anti-terroriste, tout en réclamant bien sûr la levée du blocus économique. Fidel président, l’expliquait ; Raoul aussi le répétait… Obama veut-il donner aujourd’hui une suite sensationnelle face au monde à sa poignée de main « historique » avec Raoul de l’an dernier ? Alors qu’un fâcheux « water-gate » aurait frustré la suite de celle entre Fidel et Nixon, en pleine guerre ouverte contre le Vietnam et l’appui US des pires dictatures sanglantes latino-américaines ?

L’ambitieux Obama veut marquer l’histoire, c’est clair et maintenant c’est assuré, à quelques mois de la fin de son second (et dernier) mandat, il renoue avec le généreux et libérateur en parole « Yes, we can ». Même si la réalité est autre… Et Guantánamo après la poignée de main, Mr President ? Seriez-vous aussi cynique que Mr Nixon, Mr President (spécialiste des drones de par le monde) ? En fait c’est le Congress qui aura le dernier mot sur le fameux blocus, et vous le savez : la levée n’est pas encore faite, donc. Affronter une opposition républicaine et démocrate dans un pays très divisé sur la question du blocus cubain, mais gagné à l’idée de sa levée à 70% selon les sondages, et où de nombreux gros affairistes –notamment ceux du Middel west d’agro-busyness- voient Cuba comme un grand marché très demandeur. Ce marché que vont bientôt occuper les Chinois ?… Busyness is busyness, n’oublions pas ! Dans une crise globalisée, ils savent tous que le gouvernement cubain est obligé et habitué depuis longtemps à payer cash… Le busyness donc est intéressant.

Le pragmatique Obama le sait aussi. La Chine, le réel grand adversaire des USA, est passé cette année première économie mondiale. Et elle est très présente sur le continent latino-américain. Les « risques » d’Obama sont très calculés : en image, c’est tout bénef pour lui ! Le congress finira par être aussi pragmatique, opportuniste et calculé que lui, vraisemblablement… Donc jusqu’où un processus de normalisation des rapports bilatéraux entre Cuba et les USA ? Nous verrons. En janvier 2015, Roberta Jacobson formalisera l’ouverture d’une ambassade US à La Havane à la place du SINA (Service des Intérêts Nord-Américain, mis en place depuis Carter, en pleine guerre froide, et où a sévi le sinistre et subversif James Cason de l’administration de W. Bush) : établissement donc de relations apaisées entre les deux pays ? L’arsenal législatif du blocus US anti-cubain (aggravé aux époques Clinton et W. Bush) est malheureusement loin d’être démantelé. Sera-t-il partiellement conservé ? Les séjours touristiques de citoyens étasuniens sont toujours interdits, par exemple. Quelques échanges d’affaires, de professionnels ou d’associatifs seront facilités, c’est vrai. Les transferts des USA vers Cuba, ne seront plus limités à 500 dollars par trimestre, mais à 2000… Les familles cubano-américaines se sentiront moins prises en otages, déchirées entre Cuba et USA, c’est vrai.

N’oublions pas que pour les USA, liberté (d’abord de commerce) signifie liberté d’exploiter : comme les cubains le savent, il est certain que les USA n’ont pas fait la paix en profondeur avec Cuba. Cette nouvelle « approche » dont parle Obama est un changement de stratégie anti-cubaine : blocus et terrorisme d’Etat seraient officiellement abandonnés. Cette stratégie coûtait plusieurs millions de dollars par an depuis trop longtemps (53 ans) et pour rien ! En plus les USA étaient unanimement condamnés (à l’exception de son allié Israël – d’ailleurs qui prétendrait qu’Israël soit prêt à ouvrir une ambassade à La Havane ?), au niveau international à l’ONU pour la 23ème année consécutive. Isolés aussi « continentalement » à l’Organisation des Etats Américains (leur propre création !). Isolés surtout face à l’ensemble des pays latino-américains (leur grand marché naturel !) qui en étaient arrivés, pour certains, suivant l’exemple de l’Equateur, à menacer officiellement de boycotter le prochain Sommet des Amériques d’avril 2015, si une nouvelle fois La Havane devait en être exclue !

Du véritable isolement de Cuba dans les années 90, le gouvernement cubain et son peuple par leur héroïque et patiente résistance unie nationale, ont su brisé cet isolement vers la fin de la décennie. Et c’est vrai : grâce au Vatican et au Venezuela de Chavez. Grâce à l’ALBA, quelques années après, à partir de 2004, et grâce à la poursuite de leur généreuse (mais coûteuse) politique internationale de médecins et alphabétiseurs : ils ont su pas à pas gagner la sympathie de l’ensemble du continent latino-américain, mais aussi en grande partie africain moyen-oriental et asiatique. Jusqu’à inverser réellement avant la fin de la décennie suivante, la tendance internationale : d’isolée, Cuba sous blocus est devenue en quelque sorte « isolante » pour les USA ! Qui eut pu le croire ? Nationalement aussi, quant à l’économie officielle, à force d’efforts collectifs : agriculture urbaine, « révolution énergétique », constructions d’infrastructures surtout hôpitaux, écoles et équipements touristiques et balnéaires etc. Cuba regagne depuis longtemps diplomatiquement et économiquement, c’est incontestable alors que les USA perdent leur hégémonie et leur influence, d’abord en Amérique même !

La récente annulation de la dette cubaine par la Russie de Poutine, les récents accords économiques avec le Brésil, et surtout le renforcement du rapprochement d’avec la Chine de ces 5 dernières années : cela (autant que l’étonnante résistance aux cyclones, comme Sandy...) a donné à réfléchir au president Obama et à ses conseillers, dans un monde en crise globalisée. Surtout que la construction de la zone franche de Mariel, vitale pour une reprise sérieuse de l’économie officielle cubaine, à 150 km de leurs côtes, les « menace » (toute proportion gardée !) économiquement : des capitaux brésiliens et chinois y sont majoritaires ! A longs et moyens termes la croissance cubaine positive et progressive est assurée ! Alors que les USA veulent eux concentrer leurs dépenses extérieures contre leur 2ème grand adversaire mondial, la Russie de Poutine sous embargo à son tour, et en graves difficultés de récession. Qu’adviendra-t-il de la guerre en Ukraine ?

Le président Raoul CASTRO qui entretient de bons rapports avec tous les pays du BRICS, notamment la Russie et la Chine, rappelle dignement que les sanctions économiques « qui causent [encore] d’énormes dégâts humains » à Cuba, restent à être levées. En concluant, pour son peuple « qui a appris à aimer Che Guevara », face à l’annonce de l’installation de l’ambassade US : « Nous devons apprendre l’art de vivre ensemble, de façon civilisée, avec nos différences ».





Miguel Esteban CASTRO, 22/12/2014.

Affiches gratuites du CISC

Bonjour,

Les affiches du comité internationaliste de solidarité de classe peuvent être commandées sans aucun frais à Madeleine Dupont par les adhérents.
Elles sont destinées à être collées, vous pouvez donc en commander beaucoup plus que deux ou trois.