Discours d‘Egon Krenz lors de la commémoration du 70e anniversaire du gouvernement de la RDA, le 12 octobre 2019 à Bochum
Chers amis,
Cher représentant de l’ambassade de la Fédération de Russie,
Je suis particulièrement heureux que vous participiez à cet événement. Les quarante ans de la RDA n’auraient pas été concevables sans l’Union soviétique. Veuillez transmettre au président Poutine que ceux qui sont réunis ici, et avec eux les millions d’Allemands de l’Est, n’oublieront jamais que 27 millions de citoyens soviétiques ont donné leur vie pour notre liberté et pour la libération de l’Europe du fascisme.
Chers invités,
Une merveilleuse chanson d’enfant a probablement accompagné tous les citoyens de RDA, de leur petite enfance à leur mort. Souvenez-vous de ces moments où le Canadien Perry Friedmann, bien intégré en RDA, était sur scène avec son banjo et entonnait doucement : « Petite colombe blanche de la paix, survole notre pays », et finissait par l’appel : « Petite colombe blanche, reviens à temps ».
Elle n’est jamais revenue, la colombe de la paix. La chanson a rarement été chantée depuis que la RDA n’existe plus. Elle n’a probablement pas eu envie de revenir dans un pays allemand qui faisait de nouveau la guerre, d’abord en Yougoslavie, puis en Afghanistan, et dans d’autres interventions armées où plus de 100 soldats allemands sont morts au combat.
En 40 ans de RDA, pas un soldat de l’Armée populaire nationale n’a foulé le sol d’un territoire étranger en mission de combat. Impensable également qu’un colonel de l’Armée populaire nationale pût donner, comme celui de la Bundeswehr en Afghanistan, l’ordre qui a causé en une nuit la mort de plus de 150 civils avant d’être quand même nommé général de la Bundeswehr.
« Plus jamais la guerre, plus jamais le fascisme ! » Ce serment de Buchenwald a été le fondement sur lequel la République démocratique allemande a été créée le 7 octobre 1949.
Personne ne peut faire disparaître la vérité : dans la longue histoire allemande, la RDA est l’unique État qui n’a jamais mené de guerre. Cela seul justifie qu’on se souvienne d’elle avec le plus grand respect. C’est ce que nous avons convenu de faire aujourd’hui ici. Même si les Soldschreiber voudraient l’empêcher.
Nous – c’est-à-dire des gens très différents qui ne veulent pas que la vie qu’ils ont vécue soit expliquée par ceux qui ont toujours eu des problèmes avec la vérité ou n’ont jamais été chez eux ici – nous ne sommes pas nostalgiques, et encore moins « ostalgiques », un mot à la mode qui n’est utilisé que pour dénoncer nos souvenirs et notre conscience des valeurs de la RDA.
Nous ne sommes pas non plus des ignorants qui ne veulent pas voir que beaucoup de choses ont été faites depuis 1990. Nous ne glorifions pas la RDA. Non, nous sommes des contemporains éveillés qui ont fait l’expérience de deux systèmes sociaux et peuvent donc facilement comparer ce qu’était véritablement la RDA et le mal que fait votre rage aveugle.
En fin de compte, après la renaissance des rapports capitalistes en Allemagne de l’Ouest et la réapparition des anciens nazis, la RDA était la seule alternative raisonnable à une Allemagne qui avait été responsable de deux guerres mondiales et d’une cruelle dictature fasciste.
Une des raisons ayant présidé à la fondation de la RDA était l’unité allemande. Elle n’aurait jamais existé si la République fédérale n’avait pas été créée en tant qu’État séparé. Bertolt Brecht avait souhaité qu’« une bonne Allemagne éclose, comme un autre bon pays ». Et le texte de Becher, « Allemagne, patrie unie », était le meilleur contre-projet à « Deutschland, Deutschland über alles ».
Qu’il n’y ait pas eu à l’époque d’Allemagne unie n’est pas uniquement, mais principalement dû à l’ancienne république fédérale. Lors de l’élaboration de la Loi fondamentale, un de ses pères a proclamé que « tout territoire allemand situé hors de la République fédérale doit être considéré comme irrédentiste »[1], donc comme territoire sous domination étrangère, « dont le retour à la patrie doit être poursuivi par tous les moyens. » Et ceux qui ne s’y soumettent pas doivent être « considérés et poursuivis comme des traîtres »[2].
Le scénario du traitement par l’État de l’Ouest de celui de l’Est remonte déjà à une époque où la RDA n’existait même pas, où elle ne pouvait absolument pas avoir commis tous les crimes qu’on lui attribue aujourd’hui. L’acte de naissance de la haine à l’égard de la RDA était et reste l’anticommunisme, que Thomas Mann avait déjà qualifié de folie absolue au siècle dernier.
C’est Konrad Adenauer qui a déclaré: « Les territoires qui se trouvent à l’est de la Werra et de l’Elbe sont des provinces captives. Par conséquent, le devoir n’est pas la réunification mais la libération. Le mot réunification doit définitivement disparaître. Il a déjà provoqué trop de malheur. Le mot d’ordre est : libération[3]. »
Qu’est-ce qu’on n’imputait pas à la RDA ? Nous étions des « valets des Russes », des « exécuteurs de la volonté de Staline en Allemagne », on nous appelait aussi « Zonenheinis ». Pour Adenauer, la Sibérie commençait à l’Elbe et à la Werra. Il n’a plus été possible de maintenir ces absurdités lorsque l’ONU a reconnu les deux États comme égaux en droit et que 134 pays ont noué des relations diplomatiques avec la RDA.
Il est arrivé, par exemple, que Volker Rühe, le vice-président du groupe de la CDU au Parlement allemand, s’enthousiasme : une conversation avec Honecker était « plus agréable et constructive qu’une discussion avec la cheffe du gouvernement britannique ». Ou que des politiciens haut placés de toutes les couleurs souhaitent être pris en photo avec le secrétaire général du SED pour les soutenir dans leur campagne électorale. Enfin, Helmut Kohl a qualifié Honecker de « partenaire fiable » et son successeur Gerhard Schröder a été carrément impressionné par le président du Conseil de la RDA. C’est aussi à cette époque que des traités contraignants en termes de droit international ont été conclus et que le chef d’État est-allemand a été accueilli en 1987 avec tous les honneurs diplomatiques lors d’une visite officielle.
Mais ensuite, il y a eu 1990 : on est revenu à la délirante image historique des années 1950, qui vaut toujours aujourd’hui et qui empoisonne l’atmosphère politique.
Dans son rapport, le délégué du gouvernement fédéral aux affaires de l’Est n’a fait que répéter ce qui est la norme depuis 29 ans : la RDA « délabrée » est responsable pour tout ce qui ne fonctionne pas dans la République fédérale, elle n’aurait amené que crimes et dettes dans l’unité.
Cet homme n’avait que treize ans en 1989. Pourtant il se rappelle encore très exactement que les Allemands de l’Est ont eu le malheur « de vivre pendant 40 ans du mauvais côté de l’histoire ». Cette répétition des stéréotypes imbéciles des années de la guerre froide ne correspond cependant absolument pas aux expériences concrètes de très, très nombreux citoyens de la RDA. Les dirigeants devraient enfin se demander pourquoi si, entretemps, seulement 38% des Allemands de l’Est considèrent que la réunification a été une réussite et si 57% se considèrent même comme des « citoyens de deuxième classe ».
Quand Gregor Gysi était encore un citoyen de la RDA, lors de cette nuit fatidique où l’annexion de la RDA à la République fédérale a été déclarée, il a crié aux députés du Parlement d’alors : « Je regrette que le processus de décision ait été mené à la cravache… et n’ait pas pris une forme digne, dénuée de tactique électorale ; car la RDA … a été, pour nous tous – avec des expériences très différentes – la vie que nous avons menée jusque-là. Ce que nous sommes tous aujourd’hui, nous le sommes devenus ici, et je regrette que le processus de réunification ait été réduit à une annexion. »
Ce défaut fondamental se fait encore sentir aujourd’hui.
Si l’on en croit le discours qu’elle a prononcé lors de l’anniversaire de la réunification, Angela Merkel veut témoigner son respect à ceux qui ont été « victimes du régime du SED » et qui l’ont combattu. Jusqu’ici, tout va bien s’il s’agit de victimes réelles et non supposées. Pratiquement, cependant, cela signifie renforcer la marginalisation de millions de citoyens pour qui la RDA était une histoire de cœur et qui se sont engagés toute leur vie pour leur pays.
À l’évidence, cela a échappé à Madame Merkel : les citoyens de RDA ont non seulement évacué les ruines de la Seconde Guerre mondiale, rendu les villes et les villages de nouveau habitables, reconstruit de précieux lieux culturels historiques, ils ont aussi créé beaucoup de nouvelles entreprises, des rues, des quartiers et des villes avec des logements modernes, des écoles, des crèches et des jardins d’enfants, des dispensaires, des hôpitaux, des installations sportives et culturelles. En 1945, il n’y avait rien, mais il n’y avait rien non plus que la RDA pût démolir.
C’est une grave erreur de supposer que la RDA ait été gouvernée depuis quarante ans contre le peuple. Il y a eu des années de soutien fort – par exemple lors du référendum de 1968 sur la Constitution, approuvée par 94,5% des votants après un débat populaire approfondi. Une Constitution adoptée par référendum, qui a été abrogée en 1990 sans référendum.
La vérité est que ce n’est pas deux États qui se sont réunis, mais que l’un a repris l’autre et défini les règles. Les citoyens de la RDA n’ont jamais été consultés sur la question de savoir si c’était ce qu’ils voulaient. Pareille décision a des conséquences à long terme. Ce que j’ai lu, vu et entendu ces derniers jours dans la presse, en relation avec le 9 octobre 1989, le montre : plus nous nous éloignons de la fin de la RDA, plus les défaillances invoquées officiellement contre elle deviennent fantaisistes, irréalistes et méchantes. Si l’on en croit les faiseurs d’opinion du monde politique, les anciens citoyens de la RDA ne sont qu’une petite poignée de créatures manipulées, coincées derrière un mur avec une économie pourrie, entourées de grisaille et de bouchons, et de « mouchards » de la sécurité d’État.
Heiner Müller, un citoyen qui n’a certainement pas ménagé ses critiques à la RDA, a très tôt démasqué cette position en portant ce jugement : « La vision historique de la RDA », écrit-il, « est obscurcie par un écran moral destiné à combler les lacunes de sa propre totalité morale[4]. »
La force, l’argent et les ressources déployés dans la dénonciation de la RDA – toute une « industrie de remise à jour » s’en occupe – seraient plus judicieusement investis dans l’opposition au racisme, à l’antisémitisme et à la xénophobie. Ce sont les nazis, les néonazis et les semeurs de troubles de l’AfD qui mettent l’Allemagne en danger, pas l’héritage de la RDA. L’antisémitisme n’est pas une opinion, c’est un crime.
L’article 6 de la Constitution de la RDA stipule : « La propagande militariste et revancharde sous toutes ses formes, l’incitation à la guerre et les manifestations de haine religieuse, raciste et ethnique sont punies comme des crimes[5]. »
Nombre d’Allemands de l’Est ont de multiples raisons d’être déçus. L’une d’elles est que la présentation qu’on fait de la RDA aujourd’hui ne correspond pas du tout à ce qu’elle a été. Pour une grande majorité de ses citoyens, la RDA n’était pas un « État de non-droit ». Le débat enflammé à ce propos n’est rien d’autre qu’une diversion par rapport aux déficiences de la société actuelle. Celui qui parle de l’injustice de la RDA n’a pas besoin de justifier pourquoi les dirigeants actuels ne parviennent pas à résoudre de nombreux problèmes graves, il détourne l’attention des bas salaires, de la pauvreté qui menace les anciens et les enfants, et à quel point on est impitoyable avec les biographies de la RDA.
Dans l’histoire et la croissance de la RDA, il y a eu des victoires et des défaites, des joies et des déceptions – et malheureusement aussi des victimes. Je les regrette, mais il n’en est pas moins vrai que l’histoire de la RDA n’est pas une suite d’erreurs ou même de crimes. C’est bien plus l’histoire de
la sortie de l’éternel cycle allemand de guerres et de crises,
le départ d’une alternative effective au capitalisme,
le rejet du fascisme et de la haine raciale, de l’antisémitisme et de la russophobie.
Et parce que beaucoup de ses citoyens y étaient associés, la dégradation de la RDA en un « État de non-droit » est à de nombreux égards aussi une insulte à ceux qui s’en revendiquaient. La RDA n’a jamais voulu être comme l’ancienne République fédérale. Il est donc stupide de la juger à l’aune de la République fédérale.
Il y a dix ans, le président de la République fédérale Köhler a prononcé un discours lors d’une manifestation autour du 9 octobre 1989, dans lequel il a notamment dit :
« … Il y avait des véhicules blindés devant la ville, la police municipale avait reçu la consigne de tirer si l’ordre en était donné. Les chirurgiens cardiaques de l’Université Karl-Marx avaient été formés au traitement des blessures par balle et des poches de sang et des sacs mortuaires étaient prêts à la Stadthalle de Leipzig. »
Comme c’est effrayant, terrifiant et quel signe de l’inhumanité de la RDA !
Sauf qu’il y a un hic : il n’y a jamais rien eu de tel.
Fritz Streletz, longtemps secrétaire du Conseil national de la Défense en RDA, et moi avons demandé au président fédéral, dans une lettre préparatoire à son discours pour le 30e anniversaire des événements de Leipzig, de rectifier cette contrevérité. À notre connaissance et sur la base de décisions et d’ordres valables, nous l’avons informé de ce qui suit : « Il n’y avait pas de véhicules blindés dans ou devant la ville, et a aucun moment, il n’y a eu d’ordre de tirer. Les chirurgiens cardiaques n’ont pas été formés au traitement de blessures par balles ni les sacs mortuaires fournis. »
Malheureusement, le président n’a pas saisi l’occasion de mettre fin à ce mensonge toujours largement répandu. Dans un passage de son discours, il a dit que l’histoire aurait été différente si Gorbatchev n’avait pas exhorté la direction du SED à faire preuve de retenue. Il aurait été bon que Monsieur le Président cite la source de cette affirmation. En connaissance de cause, je peux notamment affirmer qu’une telle exhortation n’a jamais existé. Elle n’était pas non plus nécessaire. Même Gorbatchev écrit dans ses Mémoires que le gouvernement de la RDA « était suffisamment sensé et courageux pour ne pas tenter d’étouffer dans le sang l’insatisfaction de la population[6]. »
Il y a bien eu une mise en garde de Gorbatchev le 10 novembre 1989, adressée non pas à la RDA mais au chancelier fédéral Kohl, lui demandant de renoncer à son ton nationaliste : « Dans ce contexte politique et psychologique, les déclarations émanant de la RFA visant à alimenter les émotions et les passions avec des slogans sur l’incompatibilité de l’existence de deux États allemands ne peuvent pas avoir d’autre but que de déstabiliser la situation en RDA et de saper les processus de démocratisation et de renouvellement qui s’y développent dans tous les domaines de la vie sociale[7]. »
Il est erroné de ne juger la RDA que sur la base de sa fin. C’est en outre une falsification historique de procéder de la sorte, comme si les gens étaient déjà descendus dans la rue à l’automne 1989 pour réclamer l’unité de l’Allemagne.
Dans l’appel des Six de Leipzig emmenés par le directeur musical Kurt Masur, qui – c’est intéressant – est à peine cité, la phrase principale est : « Nous avons tous besoin d’un libre échange de vues sur la continuation du socialisme dans notre pays[8]. »
Une personne récemment honorée par le président fédéral pour sa contribution à l’unité allemande, le pasteur Eppelmann, m’a encore écrit le 24 octobre 1989, dans une lettre personnelle également signée par le pasteur Schorlemmer – je cite : « Il s’agit pour nous du développement de la démocratie et du socialisme dans notre pays[9]. »
Oui, bien sûr, il y avait aussi les autres, qui ne se sentaient pas bien en RDA, qui sont partis, malheureusement, ou se sont exclus de la société. Ou ceux censés avoir toujours su qu’il ne pourrait rien advenir avec le socialisme sur le sol allemand. Ou encore ceux qui avaient crié « hourra ! » particulièrement fort et qui décrivent maintenant avec un zèle excessif les avantages supposés de la nouvelle puissance.
Un peu plus de réalisme devrait vous éclairer, vous et surtout les médias, y compris le président fédéral : vous ne pouvez pas parler pour tous les Allemands de l’Est. Celui qui s’est engagé pour la RDA l’a fait avec la conviction de servir le bien en Allemagne, il a donné à son État beaucoup de ses forces vives et a le droit d’être respecté pour cela, en République fédérale aussi.
Nous avons subi une défaite en 1989, une défaite amère qui fait mal – c’est vrai. Mais nous ne sommes pas sortis de l’histoire. Le monde ne restera pas tel qu’il est aujourd’hui. Le capitalisme ne sera pas le dernier mot de l’histoire.
À la fin, nous verrons qui est du bon côté. Nous ne serons probablement plus là pour le voir, mais cela vaut depuis Thomas Münzer, au moins : les petits-enfants se battent mieux. J’aimerais bien conserver cet optimisme historique. Aussi parce qu’il y a encore un pays, loin à l’est, qui vient de fêter le 70e anniversaire de sa république populaire.
Indépendamment de cela, il est plus actuel que jamais de reconnaître enfin les performances de la vie des citoyens de RDA, un salaire égal pour un travail égal, des pensions de retraites égales pour un travail égal, l’abolition des pensions punition et la création de l’égalité des chances pour les enfants et les jeunes. L’article 1 de la Loi fondamentale – la dignité de l’être humain est inaliénable – doit s’appliquer à tous les Allemands, aussi à ceux qui ont travaillé pour la RDA, y compris les collaborateurs des services de sécurité. Sans cela, il faudra encore des dizaines d’années jusqu’à ce que l’unité allemande soit réalisée.
Nous ne sommes pas les éternels démodés qu’ils pensent que nous sommes. Nous voulons que nos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants aient un avenir en paix sur une planète saine. C’est pourquoi nous traitons l’héritage de la RDA de manière autocritique mais surtout avec confiance en nous et sans courber le dos.
C’est pourquoi nous nous demandons aussi ce qui rend la RDA historiquement unique sur le sol allemand.
Lorsque après la guerre à l’Ouest, les anciens nazis ont de nouveau eu le droit d’être enseignants, juristes ou fonctionnaires, un bouleversement antifasciste et démocratique a eu lieu à l’Est qui a fait de la RDA en 1949 un État allemand antifasciste.
Pour le préparer, 7136 grands propriétaires terriens et 4142 criminels nazis et de guerre ont été expropriés sans indemnisation.
520 000 anciens nazis ont été démis de leurs fonctions publiques.
Le 30 juin 1946, plus de 72% des citoyens de Saxe ont voté par référendum l’expropriation des criminels nazis et des criminels de guerre.[10]
En Allemagne de l’Est, les terres de Junkers, les grands propriétaires fonciers, ont effectivement passé aux mains des agriculteurs ;
Aucun nazi ne pouvait être enseignant.
Quarante-trois mille femmes et hommes ont reçu une formation accélérée pour devenir enseignants et, même si, comme on le disait alors, ils ne savaient pas toujours exactement s’il fallait écrire « Blume » (fleur) avec ou sans « h », ils ont eu en revanche le courage de répondre à l’appel lancé par une chanson de la FDJ (Jeunesse libre allemande) :
« Nous devons nous soucier de nous,
et que celui qui est contre nous vienne, s’il ose. »
Les nazis n’avaient pas le droit de rendre la justice, les juges du peuple étaient élus,
Des facultés ont été créées qui veillaient à ce que les ouvriers et les paysans y entrent. Déjà en 1952, plus de la moitié des étudiants étaient des enfants d’ouvriers et de paysans. Cela n’avait jamais existé en Allemagne auparavant et cela n’existe plus depuis la fin de la RDA.
Ce qui est criminel là-dedans, c’est que 40 ans après la fondation des facultés ouvrières et paysannes, beaucoup de leurs diplômés, devenus entretemps en RDA d’éminents scientifiques, ingénieurs, médecins, juristes, enseignants et autres, ont été assez souvent remplacés par des homologues de deuxième ou troisième classe venus de l’Ouest. Ceux qui critiquent le fait qu’aujourd’hui si peu d’Allemands de l’Est aient quelque chose à dire en Allemagne de l’Est ne doivent pas oublier ce qui a été fait de l’élite est-allemande en 1990. Un mot que nous utilisions à peine en RDA, parce que nous ne partagions pas la société entre élite et gens ordinaires.
Il est trop facile de dire que les Allemands de l’Est auraient voulu l’échange des élites. Oui, ceux qui pensaient n’avoir pas eu assez. Je me souviens cependant du jugement d’un scientifique ouest-allemand un peu connu. Ainsi, a écrit Arnulf Baring en 1991, pendant près d’un demi-siècle, « la RDA a écrasé le peuple, et faussé son éducation et sa formation ».
Et plus loin :
« Que quelqu’un se dise là-bas juriste, économe, pédagogue, sociologue, et même médecin ou ingénieur, peu importe. Ses connaissances sont largement inutilisables […] Nous pouvons pardonner les péchés des personnes politiquement et personnellement accablées, tout pardonner et oublier. Mais cela ne servira à rien, car beaucoup de gens ne sont pas réutilisables en raison de leurs connaissances insuffisantes. Ils n’ont simplement rien appris de ce qu’ils pouvaient apporter à une économie de marché libre. »
À ma connaissance, personne dans le gouvernement fédéral n’a contredit une telle stupidité. Tout comme le slogan « Vivre comme chez Kohl et travailler comme chez Honecker », qui qualifiait les Allemands de l’Est de quasi parasites, ou le verdict selon lequel l’origine de la pensée conforme à l’Est était le « gavage » dans les crèches de RDA. Sans oublier la campagne contre les « chaussettes rouges » dans le sillage de laquelle de nombreux citoyens de RDA se sont donné la mort par suicide. Bien qu’ils aient été assez nombreux, il n’y a pas une seule statistique à ce propos en Allemagne fédérale.
On ne peut pas se contenter de dire que ces calomnies relèvent de la liberté d’expression d’une opinion personnelle. Qu’a dit le ministre de la Justice Kinkel le 23 septembre 1991 lors du 15e Congrès des juges allemands à Cologne ?
Je cite : « Vous, Mesdames et Messieurs, vous avez en tant que juges et procureurs … une tâche très particulière… : faire face à ce que quarante ans de régime injuste nous ont laissé dans l’ancienne RDA. … Il faut arriver à délégitimer le système SED qui, jusqu’à sa fin amère, s’est justifié par une mentalité antifasciste, des valeurs prétendument supérieures et une soi-disant humanité absolue…[11] »
Qu’est-ce que ça veut dire ?
La désindustrialisation de la RDA s’est accompagnée de graves injures à l’égard des citoyens de RDA. Il est difficile d’effacer de telles insultes de sa mémoire, et même dans les urnes.
Monsieur Gauck, qui ne parle souvent de lui qu’à la troisième personne, a même salué la substitution des élites par ces mots : « Nous ne pouvions pas permettre aux Globke[12] socialistes de rester à leurs postes et de garder leurs positions dans l’État et la société. »
C’était une assimilation scandaleuse de milliers d’enseignants et de scientifiques, de juristes et d’employés est-allemands licenciés avec le co-auteur du commentaire des lois raciales de Nuremberg. Il est déjà assez grave que cet homme soit devenu le politicien le plus important de la République fédérale après Konrad Adenauer. Mais jusqu’où quelqu’un doit-il être éloigné de la vérité historique et de la décence pour justifier le remplacement des élites de la RDA en 1991 en s’appuyant sur Globke ?
Selon les études disponibles, en 1933 les nazis ont remplacé 11% des élites du Reich allemand. En Allemagne de l’Ouest, seulement 13% des cadres nazis ont été écartés en 1945. Après l’annexion de la RDA à la République fédérale allemande, le nouveau pouvoir a condamné à l’exclusion professionnelle et donc souvent à l’exclusion sociale 85% des élites de la RDA.
Lorsque Monsieur Gauck a été élu président de la République fédérale, dès la deuxième phrase de son discours d’investiture, il a avoué : « Nous…, qui avons enfin été autorisés à être des citoyens après 56 ans de domination par des dictateurs… »
Gauck met dans le même sac 12 ans de barbarie hitlérienne, 4 ans de zone occupée par les Soviétiques et 40 ans de RDA. Pratiquement, les Allemands de l’Est sont réduits à des gens qui n’ont fait que passer du brun au rouge et qui ont suivi des dictateurs sans la moindre critique. La mentalité antifasciste est totalement passée sous silence.
Toute équivalence entre l’empire nazi et la RDA est hors de question, déjà à cause d’Auschwitz, du tribut de sang que les communistes et social-démocrates ont payé, le plus élevé de tous les partis, et compte tenu des plus de 50 millions de morts de la Seconde Guerre mondiale.
On continue aujourd’hui dans ce pays à parler, de manière trompeuse et banalisante, du fascisme allemand comme du national-socialisme. Or toute personne quelque peu cultivée devrait savoir qu’il n’était ni national ni socialiste mais uniquement criminel et capitaliste.
Le dépassement progressif et tout à fait contradictoire de l’idéologie nazie a été une des plus grandes réalisations de la RDA, nous ne devrions jamais permettre qu’elle soit minimisée par personne.
La RDA était le foyer allemand de l’antifascisme. Un Globke, un Filbinger, un Oberländer ou un Kissinger n’auraient eu aucune chance d’obtenir un poste en RDA.
Je ne suis souvent posé la question : pourquoi des intellectuels et des artistes comme Bert Brecht, Anna Seghers, Arnold Zweig, Johannes R. Becher, Stefan Hermlin, Friedrich Wolf, Max Lingner, Lea Grundig, Theo Balden, Wieland Herzfelde, Helene Weigel, Hanns Eisler, Bodo Uhse, Erich Weinert, Ernst Busch, Ludwig Renn, Wolfgang Langhoff, Eduard von Winterstein, Hedda Zinner, Gustav von Wangenheim et beaucoup d’autres ne se sont-ils pas établis en Allemagne de l’Ouest, mais sont venus dans la zone orientale et plus tard en RDA ?
N’ont-ils pas choisi la RDA précisément parce qu’ils y voyaient la possibilité de bannir définitivement de la vie des hommes la guerre et le fascisme ?
Brecht s’est exprimé à ce propos sans équivoque : « Je n’ai pas d’opinion parce que je suis ici », a-t-il dit, « mais je suis ici parce que j’ai une opinion. »
Ce qui était unique en RDA, c’est aussi qu’un tiers de l’Allemagne a été arraché pendant 40 ans au capital allemand. C’est, du point de vue de nos adversaires politiques, le véritable péché de la RDA, qui ne sera jamais pardonné.
Jamais plus l’enrichissement de l’un grâce au travail de l’autre – c’était le principe constitutionnel en RDA. Personne n’avait le droit de s’enrichir par le travail d’un autre. L’homme n’était plus un loup pour l’homme. Il n’était pas un pion qu’on pouvait déplacer ici ou là comme aux échecs. Ce n’est pas la poigne qui régnait, pas l’égoïsme, pas l’argent, mais pas à pas, même si c’était aussi hautement contradictoire, les relations humaines.
Il y a quelques jours, j’étais dans un café, un homme à la table voisine m’a tendu une serviette qui manquait à la mienne. J’ai dit : « Oh, c’est gentil. » « Oui », a répondu mon interlocuteur, « l’attention mutuelle, la manière d’être ensemble que nous connaissions à l’époque de la RDA, s’est perdue. Le côté humain a disparu depuis que la RDA n’existe plus. »
Cela m’a beaucoup ému – comme une lettre que m’a écrite un homme de 56 ans, qui avait fondé une entreprise en 1990 et me décrit maintenant sur deux pages combien il va bien dans la nouvelle République fédérale. « Tout semble au mieux », termine-t-il sa lettre, « et pourtant le désir d’un monde juste, pacifique et sensé demeure profondément ancré dans mon cœur. »
Depuis 1990 on parle de « construction de l’Est ». C’est sûr, il y avait beaucoup de problèmes en RDA. Nous avons trop peu investi dans le secteur productif, de nombreux centres villes étaient inesthétiques en raison du manque de matériel de construction et de peinture assez résistante. Nos souhaits ont toujours été plus grands que nos possibilités matérielles.
Les idéaux et les réalités divergeaient souvent. La République fédérale a mis année après année ses frères et sœurs de l’Est sur la liste d’embargo qui devait nous exclure du progrès scientifique et technique dans le monde capitaliste. Nos conditions de départ étaient tout sauf bonnes. L’Allemagne entière avait perdu la guerre. Les Allemands de l’Est et plus tard la RDA ont été les seuls à payer pour cette défaite. Les réparations dues par la RDA étaient 25 fois plus élevées que celles de l’ancienne République fédérale. À valeur égale, chaque citoyen de RDA payait 16 124 DM pour les réparations, alors que chaque citoyen de la République fédérale ne payait que 126 DM. La RFA a bénéficié du Plan Marshall – la RDA a payé pour la guerre. C’était une division du travail inégale. Aujourd’hui, je pense parfois : le vrai miracle, c’est que nous ayons quand même tenu 40 ans.
Et pourtant :
La RDA avait certes ressuscité de ses ruines en 1949, mais en 1990, ce n’était pas une ruine, ce n’était pas un État en faillite avec une économie délabrée. Jusqu’à la fin, chaque facture a été honorée jusqu’au dernier pfennig, même si les ignorants et les calomniateurs continuent à le contester.
Ils font en permanence comme si le document jauni qu’on appelle le « papier Schürer » était une écriture sainte, bien qu’ils sachent pertinemment que Gerhard Schürer et ses co-auteurs ont corrigé publiquement, en novembre 1989 déjà, les chiffres faux et leurs erreurs.
Il est difficile de comprendre qu’ils se méfient de leur propre institution financière, la Banque fédérale allemande. Celle-ci a publié un rapport portant le titre – je cite – « La balance des paiements de l’ancienne RDA de 1975 à 1989 ». Il y est écrit que fin 1989, « la dette nette de la RDA s’élevait à 19,9 milliards de marks ouest-allemands », ce qui fait, après conversion même pas 10 milliards d’euros. Aucun pays ne fait faillite pour 10 milliards d’euros.
Prétendre que la RDA était en faillite permet de dissimuler le fait que le véritable effondrement de l’industrie est-allemande ne s’est produit qu’après l’annexion de la RDA par la RFA : après la Première Guerre mondiale, la production était encore de 57% du niveau d’avant-guerre de 1913. Après la Seconde Guerre mondiale, en 1946, par rapport à la situation d’avant la guerre, en 1938, encore de 42% ; en 1992, à l’apogée de la privatisation de la propriété publique, elle n’était plus que de 31% par rapport à l’avant-dernière année de la RDA.
Le vrai problème en 1990 n’était pas celui de l’économie supposément en ruines de la RDA. Nous avions certainement aussi des installations en piteux état, mais beaucoup aussi étaient modernes. Nous avions également des combinats qui fabriquaient des produits de classe mondiale. Ceux qui le nient admettent aussi, ce faisant, que les grandes entreprises allemandes ne nous ont livré que de la ferraille, car 40% des installations industrielles que nous importions venaient de l’ancienne République fédérale.
En 1990, le cœur du problème était tout à fait différent :
Il y avait deux fois de tout en Allemagne.
Il fallait que l’un des deux meure. Pas seulement celui qui était peut-être en piteux état, mais aussi ce qui était moderne. La Treuhand a organisé cette mort, mais pas de sa propre initiative. C’était une volonté politique. La propriété publique de la RDA a été bradée. Quatre-vingt-cinq pour cent sont allés à des propriétaires de l’Ouest, 10% sont partis à l’étranger et à peine 5% sont restés à l’Est.
La République fédérale a repris de la RDA environ 8 000 entreprises, 20 milliards de mètres carrés de surfaces agricoles, 25 milliards de mètres carrés d’immeubles, de forêts, de lacs, 40 000 magasins et restaurants, 615 policliniques, 340 dispensaires, 5 500 services infirmiers communaux, hôtels, maisons de vacances, le patrimoine considérable de la RDA à l’étranger, brevets, biens culturels, propriété intellectuelle et encore beaucoup plus[13]. Par exemple, la tour de la télévision à Berlin, qui n’a pas été démolie uniquement parce que sa construction ne le permettait pas, mais qui est aujourd’hui devenue l’emblème de Berlin. Et où l’élite allemande célèbre-t-elle aujourd’hui ses prétendues victoires ? Au Schauspielhaus de Berlin, au Semperoper de Dresde et au Gewandhaus de Leipzig – tous payés par « l’État est-allemand en ruine ».
La RDA n’a pas laissé à la RFA un fardeau de 400 milliards de DM en héritage – comme on le prétend, mais une richesse nationale de 1,74 milliards de marks de fonds propres et 1,25 milliards de marks dans le secteur productif – sans compter la valeur des terres et la propriété de biens immobiliers à l’étranger. Compte tenu de ces faits, c’est une mauvaise blague d’exonérer la Treuhand et ses dirigeants dans le gouvernement fédéral de la responsabilité de la désindustrialisation de la RDA.
Dans les rapports sur cette journée de l’unité allemande, il est dit qu’il est bon – citation – « … que nous nous confrontions à notre histoire allemande récente ».
Mais ce n’est pas vrai. Seule l’histoire de la RDA est omniprésente. Il est cependant grand temps, dans ce contexte, de porter un regard critique sur l’origine et l’existence de l’ancienne République fédérale et sur sa culpabilité dans la division de l’Allemagne.
Les années entre 1949 et 1990 n’ont pas été seulement celles du « miracle économique » et du « miracle de Berne », pas seulement le mark et la voiture personnelle, pas seulement le voyage en Italie et toutes les autres histoires de réussite qui nous sont de nouveau servis ces jours.
On cache, par exemple, que la réforme monétaire séparée de 1948 est la date effective de la séparation allemande, qui a pratiquement exclu la RDA du commerce international.
Il n’y avait cependant dans l’ancienne République fédérale pas seulement des grèves puissantes dont on ne parle presque plus aujourd’hui, mais également de profonds conflits sociaux. Le KPD, la FDJ et d’autres organisations progressistes ont été interdits, leurs membres pourchassés, jugés et emprisonnés.
Le 11 mai 1952, Philipp Müller, membre de la FDJ, et le 2 juin 1967 l’étudiant Benno Ohnesorg ont été abattus par la police à Berlin-Ouest. La persécution de ceux qui pensaient autrement court comme un fil rouge tout au long des premières années de la République fédérale. Des lois d’urgence ont été adoptées et un « décret radical » a été publié.
Donc quand il s’agit de savoir de quel côté de l’histoire quelqu’un s’est tenu, en tant que citoyen de la RDA, j’ai beaucoup de questions à poser à l’ancienne République fédérale :
N’a-t-elle pas soutenu les guerres sales menées par la France en Algérie et en Indochine par les États-Unis, eux qui voulaient « bombarder le Vietnam jusqu’à ce qu’il retourne à l’âge de pierre » ?
N’a-t-elle pas toujours faire de bonnes affaires avec le régime d’apartheid d’Afrique du Sud, qui avait emprisonné Nelson Mandela ?
Ne s’est-elle pas toujours tenue aux côtés de ceux qui ont soutenu l’aventure de la Baie des Cochons contre le peuple cubain épris de liberté, ou de la Grenade ?
N’a-t-elle pas toujours été au premier rang des exportations d’armes dans les régions en crise ?
N’a-t-elle pas eu d’excellentes relations avec les régimes fascistes d’Espagne et du Portugal ?
N’y avait-il pas un accord secret avec les putschistes en Grèce en 1967 et au Chili en 1973 ?
La RDA et la RFA ont vécu plus de 40 ans dans une guerre civile, certes froide, mais toujours au bord d’une catastrophe nucléaire.
Au début de 1990, alors que je gardais une impression fraîche des événements de l’automne 1989, je me suis posé beaucoup de questions :
Construit-on de nouveaux murs ??
Des murs contre les dissidents de gauche ?
Des murs contre les valeurs qui pourraient être introduites par la RDA dans le processus de l’unification allemande ?
Des murs entre les Allemands et leurs voisins, dont les besoins en matière de sécurité doivent être respectés ?
Des murs entre l’Allemagne et la Cuba socialiste, abandonnée par les pays socialistes européens et qui, depuis lors, se défend courageusement seule ?
Des murs entre l’OTAN et l’Union soviétique, qui existait encore à l’époque ?
Lorsque je réponds de nouveau à ces questions presque trente ans plus tard, je n’arrive pas à une autre conclusion que celle que les nouveaux murs ont plongé le monde dans le désordre où il se trouve aujourd’hui. Sans l’Union soviétique et sans la RDA, le monde n’est devenu ni plus juste ni plus pacifique.
Aujourd’hui, il s’agit de tout – d’être ou de ne pas être, de guerre ou de paix. Qu’on ait encore besoin de diaboliser la RDA montre que les politiciens au pouvoir n’ont aucune idée réelle de l’unité allemande.
Il est peut-être possible de faire de l’unité allemande une entreprise morale en continuant à ignorer les réalités. On peut – comme cela se voit – la sous-financer, car il y a d’autres valeurs que l’argent.
Mais on ne peut absolument pas criminaliser l’unité en dénonçantla RDA comme une voie erronée.Il n’y aura pas plus de respect à l’égard de tous les anciens citoyens de RDA tant qu’on diabolisera l’État sur le sol duquel toutes ces réalisations ont été possibles.
Le mur de Berlin n’est plus là. Il a été repoussé à l’est, il n’est plus entre l’OTAN et le traité de Varsovie, mais entre l’OTAN et la Russie.
Il est donc là où il a abouti en principe ce 22 juin 1941, lorsque l’Union soviétique a été attaquée. La veille de la journée de l’unité de cette année, une nouvelle très inquiétante est arrivée : « L’OTAN projette pour 2020 des manœuvres impliquant plus de 20 000 soldats. … il s’agit d’exercer le transfert rapide de troupes en Pologne et les pays baltes. » Cela signifie de nouveau se rapprocher des frontières de la Russie. Le fait que l’Allemagne doive jouer là un rôle central est pour moi une honte historique oubliée.
Ce n’est vraiment pas le tournant qu’on réclamait en 1989 dans les rues de la RDA. Trente ans après l’ouverture des postes frontière de Berlin, il faut y voir le fait que sans la Russie, il ne peut exister d’ordre européen pour la paix. La russophobie doit être bannie de la politique allemande. Les politiciens allemands doivent adopter un ton différent à l’égard de la Russie, un ton qui prône l’amitié et la coopération, et non les « sanctions » et les « punitions ».
Comme vous l’avez probablement remarqué, je ne parle pas d’échec du socialisme, mais d’une amère défaite.
N’est-ce qu’une question formelle ? Pour moi pas. L’échec a quelque chose de définitif, la défaite est plutôt quelque chose de temporaire. Si le socialisme avait échoué, cela pourrait aussi signifier qu’il n’a aucune chance, à l’avenir non plus, et que le capitalisme est la fin de l’histoire. La Chine prouve le contraire aujourd’hui déjà.
Le premier essai d’une société sans exploitation, la Commune de Paris, a duré 72 jours ; le second essai, la Révolution d’octobre, a tenu 72 ans, et la RDA 40 ans. Le troisième essai viendra aussi en Europe. Quand et comment – personne ne sait. Les expériences de la RDA, positives comme négatives, seront alors certainement importantes.
C’est pourquoi je vous dis : continuons à nous opposer à ce que les vies que nous avons vécues soient traînées dans la boue, continuons à faire notre possible pour que plus jamais – comme le dit l’hymne national de la RDA – une mère ne doive pleurer son fils.
[1] Le mot d’irrédentisme se réfère aussi à un territoire non libéré, sous domination étrangère. Voir Manfred G. Schmidt Wörterbuch zur Politik, Alfred Kröner Verlag, 1995.
[2] Voir: Convention constitutionnelle de Herrenchiemsee du 10 au 23 août 1948. Procès-verbaux des séances des sous-commissions, sous-commission I: Questions de principe, Archives fédérales (Coblence).
[3] Konrad Adenauer, Rheinischer Merkur du 20 juillet 1952.
[4] Préface de Heiner Müller, Das Liebesleben der Hyänen.
[5] Constitution de la République démocratique allemande du 6 avril 1968.
[6] Mikhaïl Gorbatchev, Mémoires, Seite 711.
[7] Message oral de M.S. Gorbatchev au chancelier fédéral Kohl du 10 novembre, transmis immédiatement à Helmut Kohl par l’ambassadeur soviétique en République fédérale allemande lors de la manifestation devant l’hôtel de ville de Schöneberger à Berlin (Ouest), novembre 1989.
[8] Appel des Six de Leipzig du 9 octobre 1989.
[9] Lettre de Friedrich Schorlemmer et Rainer Eppelmann à Egon Krenz du 24 octobre 1989, archives de l’auteur.
[10] Ces chiffres viennent des ouvrages Illustrierte Geschichte der DDR, publié chez Dietz Verlag Berlin, 1984, et DDR, publié en 1989 par VEB F. A. Brockhaus Verlag Leipzig.
[11] Le ministre de la Justice Kinkel devant les procureurs et les juges au 15e Congrès des juges allemands à Cologne, le 23 septembre 1991.
[12] Référence à Hans Globke, juriste allemand adhérant à l’idéologie nazie, actif au ministère de l’Intérieur dès 1929 et notamment chargé en 1936 de superviser les ordonnances sur la « souillure raciale » du Troisième Reich, selon Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hans_Globke (NdT).
[13] Herbert Graf cite ces chiffres dans Ossietzky 16/2018. Les chiffres sur la situation économique de la RDA sont tirés du livre de mémoires de Gerhard Schürer, Geagt und verloren.
traduction depuis l’allemand DG pour www.initiative-communiste.fr – commission internationale du PRCF
Nicht das DDR-Erbe,
sondern Nazis und Neonazis sind eine Gefahr für Deutschland
(Rede von Egon Krenz auf der Erinnerungsveranstaltung des DDR- Kabinetts Bochum zum 70. Jahrestag der DDR am 12. Oktober 2019)
Liebe Freunde,
lieber Vertreter der Botschaft der Russischen Föderation,
über Ihre Teilnahme an dieser Veranstaltung freue ich mich besonders. Vierzig Jahre DDR wären ohne die Sowjetunion undenkbar gewesen. Übermitteln Sie bitte Präsident Putin, dass die heute hier Versammelten und mit ihnen Millionen Ostdeutsche nie vergessen, dass 27 Millionen Sowjetbürger ihr Leben auch für unsere Freiheit und die Freiheit Europas vom Faschismus gegeben haben.
Liebe Anwesende,
es gibt ein wunderbares Kinderlied, das wohl jeden DDR-Bürger begleitete. Von frühester Kindheit bis zum Lebensende. Erinnert sei an jene Augenblicke, als der gut in der DDR integrierte Kanadier Perry Friedmann mit seinem Banjo auf der Bühne stand und leise anstimmte: „Kleine weiße Friedenstaube, fliege übers Land“, und endete mit der Aufforderung: Kleine weiße Friedenstaube, komm recht bald zurück“.
Sie kam nicht mehr zurück, die Friedenstaube. Das Lied ward nur noch selten gesungen seit es die DDR nicht mehr gibt. Und sie mochte wohl auch nicht zurück kommen in ein deutsches Land, das wieder Kriege führt, erst in Jugoslawien, dann in Afghanistan und in weiteren Kampfeinsätzen mit mehr als 100 gefallenen deutschen Soldaten.
In 40 DDR-Jahren hat nicht ein Soldat der Nationalen Volksarmee fremden Boden zu Kampfeinsätzen betreten. Undenkbar auch, dass ein Oberst der Nationalen Volksarmee wie jener der Bundeswehr in Afghanistan einen Befehl hätte geben können, in dessen Folge allein in einer Nacht mehr als 150 Zivilisten getötet wurden und der dennoch zum General der Bundeswehr befördert wurde.
„Nie wieder Krieg, nie wieder Faschismus!“ Dieser Schwur von Buchenwald war das Fundament, auf dem die Deutsche Demokratische Republik am 7. Oktober 1949 gegründet wurde.
Niemand kann die Wahrheit aus der Welt schaffen: Die DDR ist in der langen deutschen Geschichte der einzige Staat, der nie einen Krieg geführt hat. Allein das rechtfertigt, sich ihrer mit größtem Respekt zu erinnern. Dazu haben wir uns hier und heute verabredet. Auch wenn Soldschreiber das verhindern wollten.
Wir – das sind sehr unterschiedliche Menschen, die sich ihr gelebtes Leben nicht von jenen erklären lassen möchten, die schon immer Schwierigkeiten mit der Wahrheit hatten oder die hier nie zu Hause waren – wir erinnern uns nicht als Nostalgiker, auch nicht als „Osttalgiker“, einem Modewort, das nur benutzt wird, um unsere Erinnerung und Besinnung an Werte der DDR zu denunzieren.
Wir sind auch keine Ignoranten, die nicht sehen wollen, dass auch seit 1990 viel geleistet wurde. Wir glorifizieren die DDR nicht. Nein, wir sind wache Zeitgenossen, die Erfahrungen in zwei gesellschaftlichen Systemen haben und dadurch gut vergleichen können, was die DDR wirklich war und was ihr blinde Wut an Schlechtem andichtet.
Unter dem Strich war die DDR nach der Wiederbelebung kapitalistischer Verhältnisse in Westdeutschland und dem Aufstehen alter Nazis die einzig vernünftige Alternative zu einem Deutschland, das für zwei Weltkriege und die grausame faschistische Diktatur verantwortlich war.
Zu ihrem Gründungsmotiv gehörte auch die deutsche Einheit. Es hätte die DDR nie gegeben, wenn nicht zuvor der Separatstaat Bundesrepublik geschaffen worden wäre. „Dass ein gutes Deutschland blühe, wie ein andres gutes Land“, hatte sich Bert Brecht gewünscht. Und Bechers Text „Deutschland, einig Vaterland“ war der beste Gegenentwurf zu „Deutschland, Deutschland über alles.“
Dass es damals nicht zu einem einheitlichen Deutschland kam, liegt nicht nur, aber wesentlich an der alten Bundesrepublik. Als ihr Grundgesetz vorbereitet wurde, verkündete einer seiner Väter, „alles deutsche Gebiet außerhalb der Bundesrepublik ist als Irredenta“[1], also als Gebiet unter Fremdherrschaft anzusehen, „deren Heimholung mit allen Mitteln zu betreiben wäre.” Und: Wer sich dem nicht unterwerfe, hieß es, sei „als Hochverräter zu behandeln und zu verfolgen”[2].
Das Szenario also für den Umgang des westdeutschen Staates mit den Ostdeutschen stammt schon aus einer Zeit, als die DDR noch gar nicht existierte, als sie all die Untaten, die man ihr heute zuschreibt, noch gar nicht vollbracht haben konnte. Die Geburtsurkunde des Hasses auf die DDR war und bleibt der Antikommunismus, den Thomas Mann schon im vergangenen Jahrhundert eine Grundtorheit genannt hatte.
Es war Konrad Adenauer, der erklärte: „Was östlich von Werra und Elbe liegt, sind Deutschlands unerlöste Provinzen. Daher heißt die Aufgabe nicht Wiedervereinigung, sondern Befreiung. Das Wort Wiedervereinigung soll endlich verschwinden. Es hat schon zu viel Unheil gebracht. Befreiung ist die Parole.“[3]
Was hängte man der DDR nicht alles an? „Russenknechte“ waren wir, „Vollstrecker Stalins Willen in Deutschland“, auch „Zonenheinis“ nannte man uns. Für Adenauer begann an Elbe und Werra Sibirien. Soviel Unsinn ließ sich dann nicht mehr aufrecht erhalten, als die UNO beide deutsche Staaten als gleichberechtigt anerkannte und 134 Länder mit der DDR diplomatische Beziehungen aufnahmen.
Da kam es dann schon einmal vor, dass beispielsweise der Vize-Chef der CDU-Fraktion im Deutschen Bundestag, Volker Rühe, schwärmte: Ein Gespräch mit Honecker sei „angenehmer und konstruktiver als ein Gespräch mit der britischen Regierungschefin“.
Oder hochrangige bundesdeutsche Politiker aller Couleur ein Foto mit dem SED Generalsekretär als Hilfe für ihren Wahlkampf wünschten. Schließlich war es Helmut Kohl, der Honecker einen „zuverlässigen Partner“ nannte und sein Nachfolger Gerhard Schröder sich vom DDR-Staatsratsvorsitzenden regelrecht beeindruckt zeigte. In dieser Zeit schloss man dann auch völkerrechtlich bindende Verträge und empfing 1987 gar das DDR Staatsoberhaupt zu einem offiziellen Besuch mit allen diplomatischen Ehren.
Doch dann1990: Man kehrte zurück zum irren Geschichtsbild der fünfziger Jahre, das nun immer noch gilt und die politische Atmosphäre vergiftet.
Der Ostbeauftragte der Bundesregierung wiederholte in seinem Regierungsbericht eigentlich nur, was seit 29 Jahren Standard ist:
An allem, was in der Bundesrepublik nicht funktioniert, ist die „marode“ DDR Schuld, die angeblich nur Verbrechen und Schulden in die Einheit mitgebracht hätte.
Dieser Mann war 1989 gerade einmal 13 Jahre alt. Dennoch erinnert er sich noch ganz genau daran, dass die Ostdeutschen das Pech gehabt hätten, „40 Jahre auf der falschen Seite der Geschichte gestanden“ zu haben. Dieses Nachplappern geistloser Stereotype aus den Jahren des kalten Krieges stimmt nun aber keinesfalls mit den praktischen Erfahrungen sehr, sehr vieler Bürger aus der DDR überein. Wenn inzwischen nur 38 Prozent der Ostdeutschen die Vereinigung für gelungen halten und 57 Prozent sich gar als „Bürger zweiter Klasse“ fühlen, müssten sich doch die Regierenden endlich mal fragen, wo dafür die Ursachen liegen.
Als Gregor Gysi noch DDR-Bürger war, hat er in jener schicksalhaften Nacht als in der damaligen Volkskammer der Anschluss der DDR an die Bundesrepublik deklariert wurde, den Abgeordneten zugerufen: « Ich bedauere, dass die Beschlussfassung im Hauruckverfahren … geschehen ist und keine würdige Form ohne Wahlkampftaktik gefunden hat; denn die DDR … war für jeden von uns – mit sehr unterschiedlichen Erfahrungen – das bisherige Leben. So wie wir alle geworden sind, sind wie hier geworden, und ich bedauere, dass der Einigungsprozess zum Anschluss degradiert ist.»
Dieser grundlegende Mangel macht sich bis heute bemerkbar.
Respekt will Angela Merkel laut ihrer Rede zum Einheitsjubiläum jenen entgegenbringen, die «Opfer des SED – Regimes» waren und die gegen das Regime gekämpft hätten. Soweit so gut, wenn es sich um tatsächliche und nicht vermeintliche Opfer handelt. Das bedeutet aber in der Praxis eine weitere Ausgrenzung von Millionen Bürgern, denen die DDR Herzenssache war und die sich für ihren Staat ein Leben lang engagierten.
Frau Merkel ist offensichtlich entgangen: DDR-Bürger hatten nicht nur die Trümmer des Zweiten Weltkrieges beseitigt, Städte und Dörfer wieder bewohnbar gemacht, wertvolle kulturhistorische Bauten wieder errichtet, sondern auch zahlreiche neue Betriebe, Straßen, Stadtteile und Städte mit modernen Wohnungen, Schulen, Kinderkrippen und Kindergärten, Ambulatorien, Krankenhäusern Sport- und Kulturstätten geschaffen. Es gab 1945 nichts, aber auch gar nichts, was die DDR hätte runter wirtschaften können
Es ist doch ein großer Irrtum, anzunehmen, die DDR sei vierzig Jahre gegen das Volk regiert worden. Es gab Jahre großer Zustimmung – wie beispielsweise beim Volksentscheid 1968 über die DDR-Verfassung, die nach gründlicher Volksausprache von 94,5 % der Bevölkerung bestätigt wurde. Eine durch Volksentscheid angenommene Verfassung wurde 1990 gesetzwidrig ohne Volksentscheid aufgehoben.
Die Wahrheit ist doch: Es haben sich nicht zwei Staaten vereinigt, sondern der eine hat den anderen übernommen und bestimmt die Regeln. DDR-Bürger wurden nie befragt, ob sie das auch wollten. So etwas hat Langzeitfolgen. Was ich da im Zusammenhang mit dem 9. Oktober 1989 in den letzten Tagen in den Medien gelesen, gehört oder gesehen habe, zeigt: Je weiter wir uns zeitlich vom Ende der DDR entfernen, um so märchenhafter, wirklichkeitsfremder und boshafter werden die offiziellen Ausfälle gegen sie. Geht es nach den Meinungsführern des Politikgeschäfts, dann sind die früheren DDR- Bürger nur noch ein Millionenhäuflein gegängelter Kreaturen, eingesperrt hinter einer Mauer mit einer schrottreifen Wirtschaft, umgeben von Mief und Muff und „Spitzeln“ der Staatssicherheit.
Heiner Müller, bestimmt kein unkritischer DDR-Bürger, hat dies sehr frühzeitig mit seinem Urteil entlarvt: „Der historische Blick auf die DDR“, schreibt er, „ ist von einer moralischen Sichtblende verstellt, die gebraucht wird, um Lücken der eigenen moralischen Totalität zu schließen.“[4]
Die Kraft, das Geld und die Ressourcen, die man einsetzt, um die DDR zu denunzieren – eine ganze „Aufarbeitungsindustrie“ ist damit beschäftigt – wären sinnvoller angelegt für eine inhaltliche Auseinandersetzung mit Rassismus, Antisemitismus und Fremdenhass. Nazis, Neonazis und die Brunnenvergifter in der AfD sind eine Gefahr für Deutschland – nicht das Erbe der DDR. Antisemitismus ist keine Meinung, sondern ein Verbrechen.
In der DDR -Verfassung heißt es dazu im Artikel 6: „Militaristische und revanchistische Propaganda in jeder Form, Kriegshetze und Bekundung von Glaubens-, Rassen- und Völkerhass werden als Verbrechen geahndet“.[5]
Es gibt sehr viele Gründe für Enttäuschungen bei nicht wenigen Ostdeutschen. Einer davon ist: So – wie die DDR heute darstellt wird – so war sie einfach nicht. Für eine große Mehrheit der DDR-Bürger war ihr Staat kein „Unrechtsstaat“. Die aufgewärmte Debatte darüber ist weiter nichts als eine Ablenkung von den Gebrechen der heutigen Gesellschaft. Wer über DDR-Unrecht spricht, braucht sich nicht zu rechtfertigen, warum die Regierenden heute mit den vielen ernsthaften Problem nicht fertig werden, der kann ablenken von Niedriglöhnen, drohender Alters- und Kindesarmut, auch davon, wie rücksichtslos mit DDR-Biografien umgegangen wird.
Beim Werden und Wachsen der DDR gab es Siege und Niederlagen, Freude und Enttäuschung – leider auch Opfer. So sehr ich diese bedauere, bleibt doch wahr: Die Geschichte der DDR ist keine Kette von Fehlern oder gar Verbrechen. Sie ist vielmehr die Geschichte eines
Ausbruchs aus dem ewigen deutschen Kreislauf von Krieg und Krisen, eines
Aufbruchs für eine tatsächliche Alternative zum Kapitalismus, einer
Absage an Faschismus und Rassenhass, Antisemitismus und Russenphobie.
Und weil sehr viele DDR-Bürger dem verbunden waren, ist die Degradierung der DDR zu einem „Unrechtsstaat“ in vielerlei Hinsicht auch eine Beleidigung derer, die sich zur DDR bekannten. Die DDR wollte nie sein wie die alte Bundesrepublik. Es ist daher auch dumm, sie nach den Maßstäben der Bundesrepublik zu bewerten.
Vor zehn Jahren hielt Bundespräsident Köhler auf einer Veranstaltung zum 9. Oktober 1989 die Rede, in der er unter anderem ausführte:
«… Vor der Stadt standen Panzer, die Bezirkspolizei hatte Anweisung, auf Befehl ohne Rücksicht zu schießen. Die Herzchirurgen der Karl-Marx-Universität wurden in der Behandlung von Schusswunden unterwiesen, und in der Leipziger Stadthalle wurden Blutplasma und Leichensäcke bereitgelegt».
Wie gruselig, wie furchteinflößend und welch ein Zeichen von Unmenschlichkeit der DDR!
Die Sache hat nur den Haken: So etwas hat es nie gegeben.
Fritz Streletz, der langjährige Sekretär des Nationalen Verteidigungsrates der DDR, und ich haben den Bundespräsidenten in Vorbereitung seiner Rede zum 30. Jahrestag der Leipziger Ereignisse in einem Brief gebeten, diese Unwahrheit richtig zu stellen. Aus eigenem Wissen und auf der Grundlage von geltenden Beschlüssen und Befehlen teilten wir mit: «In oder vor der Stadt gab es keine Panzer, auch existierte zu keiner Zeit ein Befehl zum Schießen. Weder wurden Herzchirurgen zur Behandlung von Schusswaffen eingewiesen noch Leichensäcke bereitgelegt.»
Leider nutzte der Bundespräsident die Gelegenheit nicht, die immer noch verbreitete Lüge aus der Welt zu schaffen. An einer Stelle seiner Rede sagte er, die Geschichte wäre anders verlaufen, hätte nicht Gorbatschow die SED – Führung zur Zurückhaltung gemahnt. Es wäre gut gewesen, der Herr Bundespräsident hätte die Quelle für diese Behauptung benannt. Aus eigenem Wissen kann ich nämlich sagen: Eine solche Mahnung hat es nie gegeben. Sie war auch nicht notwendig. Selbst Gorbatschow schreibt in seinen «Erinnerungen», dass die DDR-Führung «über hinreichend Vernunft und Mut verfügte, um keinen Versuch zu unternehmen, die Unzufriedenheit der Bevölkerung in Blut zu ersticken.»[6]
Eine Mahnung Gorbatschows gab es am 10. November 1989. Sie war nicht an die DDR, sondern an Bundeskanzler Kohl gerichtet, alle nationalistischen Töne zu unterlassen, «Erklärungen aus der BRD, die vor diesem politischen und psychologischen Hintergrund abgegeben werden, die unter Losungen der Unversöhnlichkeit gegenüber der realen Existenz zweiter deutscher Staaten Emotionen und Leidenschaften anheizen sollen, können kein anderes Ziel verfolgen, als die Lage in der DDR zu destabilisieren und die sich dort entwickelnden Prozesse der Demokratisierung und Erneuerung aller Bereiche des gesellschaftlichen Lebens zu untergraben“[7].
Es ist irre, die DDR nur von ihrem Ende her zu beurteilen. Es ist zudem eine Geschichtsfälschung, so zu tun, als wären die Leute im Herbst 89 schon für die Einheit Deutschlands auf die Straße gegangen.
Im Aufruf der Leipziger Sechs unter Leitung von Generalmusikdirektor Masur, der interessanter Weise kaum noch erwähnt wird, lautet der Kernsatz: „Wir alle brauchen freien Meinungsaustausch über die Weiterführung des Sozialismus in unserem Land“.[8]
Einer, der kürzlich für seinen Beitrag zur deutschen Einheit vom Bundespräsidenten ausgezeichnet wurde, Pfarrer Eppelmann, schrieb mir noch am 24. Oktober 1989 in einem persönlichen Brief, den auch Pfarrer Schorlemmer unterzeichnet hatte – Zitat – : „Uns geht es um die Entwicklung von Demokratie und Sozialismus in unserem Land.“[9].
Ja, es gab natürlich auch die anderen, die sich nicht wohlfühlten in der DDR, die leider weg gingen oder sich selbst aus der Gesellschaft ausschlossen. Oder jene, die angeblich schon immer wussten, dass es nichts werden könne mit dem Sozialismus auf deutschem Boden. Oder auch jene, die damals besonders laut „Hurra“ riefen und nun mit Übereifer die vermeintlichen Vorzüge der neue Macht beschreiben.
Ihnen und vor allen den Medien, auch dem Bundespräsidenten, müsste bei etwas mehr Realismus doch klar sein: Sie können nicht für alle Ostdeutschen sprechen. Wer sich für die DDR engagierte, tat dies doch in der Überzeugung, dem Guten in Deutschland zu dienen, hat seinem Staat viel von seiner Lebenskraft gegeben und hat ein Recht, dafür auch in der Bundesrepublik respektiert zu werden.
Wir haben 1989 eine Niederlage erlitten, eine bittere, die schmerzt – das ist wohl wahr. Aber wir sind nicht aus der Geschichte ausgestiegen. So wie sie heute ist, diese Welt, wird sie nicht bleiben. Der Kapitalismus wird nicht das letzte Wort der Geschichte sein.
Und dann werden wir sehen, wer am Ende auf der richtigen Seite steht. Wir werden es wahrscheinlich nicht mehr erleben, aber spätesten seit Thomas Münzer gilt: Die Enkel fechten‘s besser aus. Diesen historischen Optimismus möchte ich mir gerne erhalten. Auch deshalb, weil es da noch weit im Osten ein Land gibt, das gerade den 70. Jahrestag seiner Volksrepublik gefeiert hat.
Unabhängig davon ist es aktueller denn je, endlich die Lebensleistungen der DDR-Bürger anzuerkennen, gleichen Lohn für gleiche Arbeit zu zahlen, gleiche Renten für gleiche Lebensleistungen zu geben, die Strafrenten abzuschaffen und für alle Kinder und Jugendlichen Chancengleichheit zu schaffen. Der Artikel Eins des Grundgesetzes – die Würde des Menschen ist unantastbar – muss für alle Deutschen gelten, auch für diejenigen, die für die DDR arbeiteten, einschließlich der Mitarbeiter der Sicherheitsorgane. Ohne dies wird es noch Jahrzehnte dauern, bis die deutsche Einheit vollendet wird.
Wir sind nicht die ewig Gestrigen, für die man uns hält. Wir sind eher die ewig Morgigen. Wir möchten, dass unsere Kinder, Enkel und Urenkel auf einem gesunden Planeten eine friedliche Zukunft haben. Deshalb gehen wir mit dem DDR – Erbe durchaus selbstkritisch um, aber vor allem selbstbewusst und nicht mit gebeugtem Rücken.
Gerade deswegen fragen wir uns auch, was die DDR geschichtlich auf deutschem Boden einmalig macht.
Als in den Nachkriegsjahren im Westen wieder alte Nazis Lehrer, Juristen oder Beamte sein durften, fand im Osten eine antifaschistisch – demokratische Umwälzung statt, die 1949 die DDR zum antifaschistischen deutschen Staat werden ließ.
In Vorbereitung darauf wurden 7136 Großgrundbesitzer und 4142 Nazi- und Kriegsverbrecher entschädigungslos enteignet.
520 000 ehemalige Nazis wurden aus öffentlichen Ämtern entfernt.
Am 30. Juni 1946 stimmten mehr als 72,00 % der Bürger Sachsens in einem Volksentscheid für die Enteignung der Nazi- und Kriegsverbrecher ab.[10]
In Ostdeutschland kam Junkerland tatsächlich in Bauernhand;
Kein Nazi durfte Lehrer sein.
In Schnellverfahren wurden 43 000 Frauen und Männer zu Neulehrern ausgebildet, die zwar manchmal – wie es damals hieß – nicht genau wussten, ob man Blume mit oder ohne „h“ schreibt – dafür aber Mut hatten, dem Ruf eines FDJ – Liedes zu folgen:
„Um uns selber müssen wir uns selber kümmern,
und heraus gegen uns, wer sich traut“.
Nazis durften kein Recht sprechen, Volksrichter wurden gewählt,
Fakultäten entstanden, die dafür sorgten, dass Arbeiter und Bauern auf die Hochschulen kamen. Schon 1952 waren über die Hälfte der Studenten Kinder von Arbeitern und Bauern. So etwas hatte es in Deutschland zuvor nie gegeben und es gibt es lauch nach dem Ende der DDR nicht mehr.
Das Kriminelle an diesem Fakt ist:
40 Jahre nach Gründung der Arbeiter- und Bauernfakultäten wurden viele ihrer Absolventen, die inzwischen in der DDR hervorragende Wissenschaftler, Ingenieure, Mediziner, Juristen, Lehrer und anderes geworden waren, nicht selten gegen zweit- und drittklassige aus dem Westen ausgetauscht. Wer kritisiert, dass heutzutage so wenig Ostdeutsche in Ostdeutschland etwas zu sagen haben, der darf nicht vergessen, was 1990 mit der ostdeutschen Elite gemacht wurde. Allerdings ein Begriff, den wir in der DDR kaum gebrauchten, weil wir die Gesellschaft nicht in Elite und gemeines Volk einteilten.
Es ist zu billig zu sagen, die Ostdeutschen hätten den Elitenaustausch gewollt. Ja, manche, die meinten, sie seien zu kurz gekommen, schon. Ich erinnere mich aber an ein Urteil eines nicht unbekannten westdeutschen Wissenschaftlers. Die DDR habe »fast ein halbes Jahrhundert die Menschen verzwergt, ihre Erziehung, ihre Ausbildung verhunzt«, schrieb ein Arnulf Baring 1991.
Und weiter:
»Ob sich heute dort einer Jurist nennt oder Ökonom, Pädagoge, Soziologe, selbst Arzt oder Ingenieur, das ist völlig
egal: Sein Wissen ist auf weite Strecken unbrauchbar […] Wir
können den politisch und charakterlich Belasteten ihre Sünden
vergeben, alles verzeihen und vergessen. Es wird nichts
nutzen; denn viele Menschen sind wegen ihrer fehlenden
Fachkenntnisse nicht weiterverwendbar. Sie haben einfach
nichts gelernt, was sie in eine freie Marktwirtschaft einbringen
können,«
Meines Wissens hat niemand aus der Bundesregierung solcher Dummheit widersprochen. Wie auch dem Slogan nicht „Leben wie bei Kohl und arbeiten wie bei Honecker“, was die Ostdeutschen quasi zu Schmarotzern erklärte oder dem Urteil, Ursache für rechtes Gedankengut im Osten sei das „Zwangstopfen“ in den Kinderkrippen der DDR. Nicht vergessen auch die Kampagne gegen die Roten Socken, in dessen Folge nicht wenige DDR – Bürger durch Selbstmord aus dem Leben schieden. Obwohl dies nicht wenige waren, gibt es darüber in der Bundesrepublik nicht einmal eine Statistik.
Man kann sich bei diesen Verleumdungen nicht darauf zurückziehen, dass es sich um freie private Meinungsäußerungen handle. Was hatte doch Justizminister Kinkel am 23. September 1991 auf dem 15. Deutschen Richtertag in Köln gesagt?
Ich zitiere: »Sie, meine Damen und Herren, haben als Richter und Staatsanwälte … eine ganz besondere Aufgabe …: mit dem fertigzuwerden, was uns das vierzigjährige Unrechtsregime in der früheren DDR hinterlassen hat. … Es muss gelingen, das SED-System zu delegitimieren, das bis zum bitteren Ende seine Rechtfertigung aus antifaschistischer Gesinnung, angeblich höheren Werten und behaupteter absoluter Humanität hergeleitet hat …»[11]
Was bedeutete das?
Die Deindustrialisierung der DDR ging einher mit tiefen Kränkungen von DDR-Bürgern. Solche Kränkungen lassen sich schwer aus dem Gedächtnis streichen, auch an der Wahlurne nicht.
Herr Gauck, der oft von sich nur in der dritten Person spricht, rühmte die Auswechselung der Eliten gar mit den Worten: »Wir konnten nicht zulassen, dass die sozialistischen Globkes in ihren Ämtern und Positionen in Staat und Gesellschaft blieben«.
Dies war eine empörende Gleichsetzung von Tausenden entlassenen Lehrern und Wissenschaftlern, Juristen und Angestellten der DDR mit dem Mitautor des Kommentars zu den Nürnberger Rassegesetzen. Schlimm genug, dass dieser Mann in der Bundesrepublik zum wichtigsten Politiker hinter Konrad Adenauer aufstieg. Wie weit aber muss jemand von geschichtlicher Wahrheit und Anständigkeit entfernt sein, der Globke heranzieht, um zu begründen, warum 1990 die Eliten der DDR ausgetauscht wurden?
Nach vorliegenden Untersuchungen wechselten die Nazis 1933 elf Prozent der Eliten des Deutschen Reiches aus. In Westdeutschland wurden 1945 lediglich dreizehn Prozent der Nazikader entfernt. Nach dem Anschluss der DDR an die Bundesrepublik schickte die neue Herrschaft 85 Prozent der DDR-Eliten ins berufliche und damit nicht selten auch ins soziale Aus
Als Herr Gauck zum Bundespräsidenten gewählt wurde, bekannte er schon im zweiten Satz seiner Rede: „Wir …, die nach 56-jähriger Herrschaft von Diktatoren endlich Bürger sein durften. … “
Gauck wirft 12 Jahre Hitler – Barbarei, 4 Jahre sowjetisch besetzte Zone und 40 DDR-Jahre in einen Topf.Faktischwerden die Ostdeutschen zu Menschen erniedrigt, die 1945 nur von braun zu rot gewechselt sind und kritiklos Diktatoren folgten. Dabei wird jede antifaschistische Gesinnung außer Acht gelassen.
Jedes Gleichheitszeichen zwischen dem Nazireich und der DDR verbietet sich schon angesichts von Auschwitz von selbst, angesichts des Blutzolls, den unter allen Parteien Kommunisten und Sozialdemokraten am höchsten entrichtet haben, angesichts von mehr als 50 Millionen Toten des Zweiten Weltkrieges.
Man bezeichnet hierzulande den deutschen Faschismus ja bis heute irreführend und verharmlosend als Nationalsozialismus. Dabei sollte inzwischen jeder einigermaßen gebildete Mensch wissen, dass der weder national noch sozialistisch war, sondern einmalig verbrecherisch und kapitalistisch.
Die schrittweise und durchaus widersprüchliche Überwindung der Naziideologie war eine der größten Leistungen der DDR, die wir uns von niemandem kleinreden lassen sollten.
Die DDR war die deutsche Heimstatt des Antifaschismus. Ein Globke, ein Filbinger, ein Oberländer oder auch ein Kissinger hätten in der DDR nie eine Chance auf ein Amt gehabt.
Ich habe mir oft die Frage gestellt:
Warum eigentlich gingen Geistesschaffende und Künstler wie Bert Brecht, Anna Seghers, Arnold Zweig, Johannes R. Becher, Stefan Hermlin, Friedrich Wolf, Max Lingner, Lea Grundig, Theo Balden, Wieland Herzfelde, Helene Weigel, Hanns Eisler, Bodo Uhse, Erich Weinert, Ernst Busch, Ludwig Renn, Wolfgang Langhoff, Eduard von Winterstein, Hedda Zinner, Gustav von Wangenheim und viele andere nicht nach Westdeutschland, sondern kamen in die Ostzone bzw. später in die DDR?
Haben sie sich nicht gerade deshalb für die DDR entschieden, weil sie hier die Möglichkeit sahen, Krieg und Faschismus endgültig aus dem Leben der Menschen zu verbannen?
Brecht hat sich dazu unmissverständlich ausgedrückt: „Ich habe keine Meinung, weil ich hier bin“, sagte er, „sondern ich bin hier, weil ich eine Meinung habe.“
Einzigartig an der DDR war auch:
Ein Drittel Deutschlands war über 40 Jahre dem Zugriff des deutschen Kapitals entzogen. Das ist aus der Sicht unserer politischen Gegner die eigentliche Sünde der DDR, die niemals vergeben wird.
Nie mehr Bereicherung des einen durch die Arbeit des anderen – das war Verfassungsgrundsatz in der DDR. Niemandem war erlaubt, sich an der Arbeit des anderen zu bereichern. Der Mensch war nicht mehr des Menschen Wolf. Er war kein Marktfaktor, den man wie eine Schachfigur hin und her schieben konnte. Nicht der Ellenbogen regierte, nicht der Egoismus, nicht das Geld, sondern schrittweise, wenn auch durchaus widerspruchsvoll, das menschliche Miteinander.
Vor einigen Tagen saß ich in einem Caffè, ein Mann vom Nebentisch reichte mir eine Serviette, die an meinem Tisch fehlte. Ich sagte: „O, das ist aber aufmerksam“. „Ja“, antwortete mein Gegenüber, „die Aufmerksamkeit füreinander, das Miteinander, das wir zu DDR – Zeiten kannten, ist verloren gegangen. Das Menschliche ist weg, seit es die DDR nicht mehr gibt“.
Das hat mich stark aufgewühlt – wie auch ein Brief, den mir ein 56 – jähriger Mann schrieb, der 1990 eine Firma gegründet hatte und mir nun auf zwei Briefseiten beschrieb, wie gut es ihm geht in der neuen Bundesrepublik. „Es scheint alles Besten“, endete er sein Schreiben, „und doch bleibt tief im Herzen immer noch der Wunsch nach einer gerechten, friedlichen und vernünftigen Welt.“
Seit 1990 heißt es: „Aufbau Ost“. Sicher, es gab manches, was in der DDR im Argen lag. Wir investierten zu wenig im produktiven Bereich, manche Stadtzentren waren aus Mangel an Baumaterial und haltbarer Farbe ziemlich unansehnlich. Unsere Wünsche waren immer größer als unsere materiellen Möglichkeiten.
Die Ideale und die Realitäten klafften nicht selten auseinander. Die Bundesrepublik setzte ihre Ostbrüder und Ostschwestern Jahr für Jahr neu auf die Embargoliste, die uns vom wissenschaftlich – technischen Fortschritt in der kapitalistischen Welt ausschließen sollte. Unsere Startbedingungen waren alles andere als gut. Ganz Deutschland hatte den Krieg verloren. Die Ostdeutschen und später die DDR mussten allein dafür zahlen. Die DDR-Reparationsleistungen waren 25-mal höher als die der alten Bundesrepublik. Umgerechnet zahlte jeder DDR-Bürger 16 124 DM für Reparationen, jeder Bundesbürger dagegen gerade mal 126 DM. Die BRD bekam den Marschallplan – die DDR zahlte für den Krieg. Das war eine ungleiche Arbeitsteilung. Manchmal denke ich heute: Dass wir es trotzdem 40 Jahre durchgehalten haben, das ist das eigentliche Wunder.
Doch:
Die DDR war 1949 zwar auferstanden aus Ruinen, aber sie war 1990 keine Ruine, kein Pleitestaat mit maroder Wirtschaft. Bis zuletzt wurde jede Rechnung auf Heller und Pfennig bezahlt, auch, wenn die sich unwissend Stellenden und die Verleumder der DDR das immer wieder bestreiten.
Wie eine geheiligte Schrift behandeln sie permanent das vergilbte sogenannte „Schürer-Papier“, obwohl sie genau wissen, dass Gerhard Schürer und seine Mitautoren noch im November 1989 öffentlich die falschen Zahlen und ihre Irrtümer korrigiert hatten.
Es ist schwer zu verstehen, dass sie ihrem eigenen Geldinstitut, der Deutschen Bundesbank, misstrauen. Es gibt einen Bericht von ihr unter dem Titel – Zitat – „Die Zahlungsbilanz der ehemaligen DDR 1975 bis 1989.“ Darin heißt es, dass Ende 1989, „die Nettoverschuldung der DDR betrug 19,9 Milliarden Valutamark« also umgerechnet in Euro nicht einmal zehn Milliarden. Von 10 Milliarden Euro geht kein Staat bankrott.
Indem man behauptet, die DDR sei bankrott gewesen, kann man verdecken, dass sich der wirkliche Kollaps der DDR-Industrie erst nach dem Anschluss der DDR an die BRD ereignete: Nach dem 1. Weltkrieg wurde gegenüber dem Vorkriegstand von 1913 noch 57% produziert. Nach dem 2. Weltkrieg 1946 im Verhältnis zum Vorkriegstand von 1938 immerhin noch 42%, 1992 auf dem Höhepunkt der Privatisierung des Volkseigentums gegenüber dem vorletzten Jahr der DDR nur noch 31 Prozent.
Das wirkliche Problem war 1990 nicht eine vermeintlich marode Wirtschaft der DDR. Wir hatten sicher auch Marodes, aber wir hatten auch viel Modernes. Wir hatten auch Kombinate, die Weltniveau produzierten. Wer Letztes bestreitet, behauptet damit ja auch, dass uns bundesdeutsche Konzerne nur Schrott geliefert hätten, denn 40 % unserer Industrieanlagenimporte kamen aus der alten Bundesrepublik.
Der Kern des Problems 1990 war ein ganz anderer:
Alles in der Wirtschaft gab es nun zweimal in Deutschland.
Einmal musste sterben. Nicht nur, was eventuell marode war, sondern auch das Moderne. Das Sterben hat die Treuhand organisiert, aber nicht auf eigenen Antrieb. Es war politisch gewollt. Das Volkseigentum der DDR wurde verscherbelt. 85% davon erhielten Eigentümer aus dem Westen, 10% ging ins Ausland und knappe 5 % blieben im Osten.
Die Bundesrepublik übernahm von der DDR etwa 8.000 Betriebe, 20 Milliarden Quadratmeter Agrarflache, 25 Milliarden Quadratmeter Immobilien, Forsten, Seen, 40.000 Geschäfte und Gaststatten, 615 Polikliniken, 340 Betriebsambulatorien, 5.500 Gemeindeschwesternstationen, Hotels, Ferienheime, das beträchtliche Auslandsvermögen der DDR, Patente, Kulturguter, geistiges
Eigentum und manches mehr.[12] Zum Beispiel den Berliner Fernsehturm, der nur deshalb nicht abgerissen wurde, weil das bautechnisch nicht ging, aber inzwischen das Wahrzeichen Berlins ist
Und wo feiert die bundesdeutsche Elite heute ihre vermeintlichen Siege? Im Schauspielhaus Berlin, in der Semperoper Dresden und im Gewandhaus Leipzig – alles vom «maroden DDR – Staat» bezahlt.
Die DDR hinterließ der Bundesrepublik keine Erblast in Höhe von 400 Milliarden DM – wie behauptet wird, sondern ein Volksvermögen von 1,74 Billionen Mark an Grundmitteln und 1,25 Billionen Mark im produktiven Bereich – ohne den Wert des Bodens und den
Besitz von Immobilien im Ausland gerechnet. Angesichts dieser Fakten mutet es wie ein schlechter Witz an, die Treuhand und ihre Anleiter in der Bundesregierung von der Schuld für die Deindustrialisierung der DDR freizusprechen.
In den Berichten zum diesjährigen Tag der deutschen Einheit wird davon gesprochen, dass es gut sei – Zitat – „…, dass wir uns mit unserer jüngsten deutschen Geschichte auseinandersetzen“
Das ist jedoch nicht wahr. Allgegenwärtig ist nur die DDR- Geschichte. Es wird aber höchste Zeit, sich im Kontext damit auch kritisch mit der Entstehung und Existenz der alten Bundesrepublik und ihrer Schuld an der deutschen Spaltung auseinanderzusetzen.
Die Jahre zwischen 1949 und 1990 waren doch nicht nur das „Wirtschaftswunder“ und das „Wunder von Bern“, nicht nur die DM und das eigene Auto, nicht nur die Italienreise und all die anderen Erfolgsgeschichten, die uns dieser Tage wieder aufgetischt werden.
Verdeckt wird, dass beispielsweise die separate Währungsreform 1948 das eigentliche Datum der deutschen Spaltung ist, wodurch die spätere DDR aus dem internationalen Wirtschaftsverkehr praktisch ausgeschlossen wurde.
Es gab doch in der alten Bundesrepublik nicht nur gewaltige Streiks, über die man heute kaum noch spricht, sondern auch tiefe gesellschaftliche Konflikte. Die KPD, die FDJ und andere fortschrittliche Organisationen wurden verboten, ihre Mitglieder gejagt, verurteilt und inhaftiert.
Am 11. Mai 1952 wurde das FDJ – Mitglied Philipp Müller auf einer Friedenskundgebung in Essen und am 2. Juni 1967 der Student Benno Ohnesorg in Westberlin von der Polizei erschossen. Wie ein roter Faden zieht sich doch die Verfolgung Andersdenkender durch die ersten Jahre der Bundesrepublik. Notstandsgesetze wurden beschlossen und ein „Radikalenerlass“.
Wenn es also darum geht, auf welcher Seite der Geschichte jemand gestanden hat, habe ich als DDR-Bürger durchaus viele Fragen an die alte Bundesrepublik:
Unterstützte sie nicht die schmutzigen Kriege, die Frankreich gegen Algerien und die USA in Indochina führten, die Vietnam in die „Steinzeit zurück bomben“ wollten?
Machte sie nicht immer gute Geschäfte mit dem Apartheid –Regime in Südafrika, das Nelson Mandela verbannt hatte?
Standen sie nicht immer an der Seite jener, die das Abenteuer in der Schweinebucht gegen das freiheitsliebende kubanische Volk oder auf Grenada unterstützten?
Stand sie nicht immer an vorderster Stelle bei Waffenexporten in Krisenregionen?
Hatte sie nicht exzellente Beziehungen zu den faschistischen Regimes in Spanien und Portugal?
Gab es nicht ein heimliches Einverständnis mit den Putschisten in Griechenland 1967 und in Chile 1973?
Die DDR und die BRD standen über 40 Jahre in einem Bürgerkrieg, in einem kalten zwar, immer am Rande einer atomaren Katstrophe.
Als ich im Frühjahr 1990 noch unter dem frischen Eindruck der Herbstereignisse89 stand, habe ich mir viele Fragen gestellt:
Werden nun etwa neue Mauern errichtet?
Mauern gegenüber linken Andersdenkenden?
Mauern gegenüber jenen Werten, die aus der DDR in den Prozess der deutschen Vereinigung eingebracht werden könnten?
Mauern zwischen den Deutschen und ihren Nachbarvölkern, dessen Sicherheitsbedürfnisse zu respektieren sind?
Mauern zwischen Deutschland und dem sozialistischen Kuba, das von den sozialistischen Ländern Europas allein gelassen wurde und sich seither mutig wehrt?
Mauern zwischen der NATO und der damals noch existierenden Sowjetunion?
Wenn ich mir diese Fragen nun fast dreißig Jahren später wieder beantworte, komme ich zu keiner anderen Erkenntnis als jener, dass die neuen Mauern dazu geführt haben, das die Welt von heute so durcheinander geraten ist wie sie jetzt ist. Die Welt von heute ist ohne Sowjetunion und ohne die DDR weder gerechter noch friedlicher geworden.
Heute geht es um alles – um Sein oder Nichtsein, Krieg oder Frieden. Dass man in dieser Zeit immer noch das Feindbild DDR braucht, zeigt, dass die herrschenden Politiker keine wirkliche Vorstellung von der deutschen Einheit haben.
Man kann die deutsche Einheit vielleicht herbeimoralisieren, indem man die Realitäten nicht zur Kenntnis nimmt.
Man kann sie – wie sich zeigt – schlecht herbeifinanzieren, weil es außer Geld auch noch andere Werte gibt.
Herbeikriminalisieren, indem man die DDR als Irrweg denunziert, kann man die Einheit auf keinen Fall. Mehr Respekt für alle früheren DDR-Bürger wird nicht gelingen, solange man den Staat, auf dessen Boden diese Leistungen möglich wurden, verteufelt.
Die Mauer in Berlin ist weg. Sie wurde nach Osten verschoben, besteht nicht mehr zwischen NATO und Warschauer Vertrag, sondern zwischen der NATO und Russland.
Sie ist folglich dort, wo sie im Prinzip an jenem 22. Juni 1941 verlief, als die Sowjetunion überfallen wurde. Am Vorabend des diesjährigen Tages der Einheit kam eine neue, eine sehr beunruhigende Meldung: „Die Nato plant für 2020 ein Manöver mit über 20.000 Soldaten. … geprobt werden soll dabei eine schnelle Verlegung von Truppen nach Polen und ins Baltikum. Das heißt wieder, ran an Russlands Grenzen. Dass Deutschland dabei eine zentrale Rolle einnehmen soll, ist für mich eine geschichtsvergessene Schande.
Das ist nun wahrlich nicht die Wende, die 1989 auf den Straßen der DDR gefordert wurde. Dreißig Jahre nach der Öffnung der Grenzübergänge in Berlin sollte es heißen: Ohne Russland kann es keine europäische Friedensordnung geben. Aus der deutschen Politik muss die Russophobie verbannt werden. Deutsche Politiker müssen gegenüber Russland einen anderen Ton anschlagen, der Freundschaft und Zusammenarbeit, nicht aber „Sanktionen“ und „Bestrafungen“ fördert.
Wie Euch wahrscheinlich aufgefallen ist, spreche ich nicht vom Scheitern des Sozialismus, sondern von einer bitteren Niederlage.
Ist das nur eine formale Frage? Für mich nicht. Scheitern hat etwas Endgültiges an sich, Niederlage ist eher etwas Zeitweiliges. Wenn der Sozialismus gescheitet wäre, könnte das ja auch bedeuten, dass er auch in Zukunft keine Chance mehr hätte und der Kapitalismus doch das Ende der Geschichte wäre. China beweist schon heute das Gegenteil.
Der erste Anlauf für eine ausbeutungsfreie Gesellschaft, die Pariser Kommune, überdauerte 72 Tage, der zweite Anlauf, die Oktoberrevolution, hielt 72 Jahre und die DDR 40 Jahre. Der dritte Anlauf wird auch in Europa kommen. Wann und wie – das weiß heute niemand. Die Erfahrungen der DDR – die positiven wie negativen – werden dabei auf jeden Fall von Bedeutung sein. Und deshalb sage ich: Wehren wir uns auch weiterhin dagegen, unser sinnvoll gelebtes Leben in den Schmutz ziehen zu lassen, tun wir auch weiterhin das uns Mögliche, damit nie wieder – wie es in der DDR – Nationalhymne heißt – eine Mutter ihren Sohn beweint
[1] Das Wort Irredenta steht auch für ein nicht befreites, unter Fremdherrschaft stehendes Gebiet. Siehe Manfred G. Schmidt „Wörterbuch zur Politik“, Alfred Kröner Verlag, 1995.
[2] Siehe: Verfassungskonvent vom Herrenchiemsee vom 10. bis 23. August 1948. Protokolle der Sitzungen der Unterausschüsse, Unterausschuss I: Grundsatzfragen, Bundesarchiv (Koblenz).
[3] Konrad Adenauer, “Rheinischen Merkur” vom 20. Juli 1952.
[4] Vorwort von Heiner Müller, „Das Liebesleben der Hyänen“.
[5] Verfassung der Deutschen Demokratischen Republik vom 6. April 1968.
[6] Michael Gorbatschow, „Erinnerungen“, Seite 711.
[7] Mündliche Botschaft M.S. Gorbatschows an Bundeskanzler Kohl vom 10. November, die der sowjetische Botschafter in der Bundesrepublik unmittelbar vor der Kundgebung vor dem Schöneberger Rathaus in Berlin (West) am 10. November 1989 an Helmut Kohl übermittelte.
[8] Aufruf der Leipziger Sechs vom 9. Oktober 1989.
[9] Brief von Friedrich Schorlemmer und Rainer Eppelmann an Egon Krenz vom 24. Oktober 1989 im Archiv des Autors.
[10] Die Zahlen stammen aus den Büchern „ „Illustrierte Geschichte der DDR“, herausgegeben Dietz Verlag Berlin 1984 und „DDR“, herausgegeben 1989 im VEB F. A. Brockhaus Verlag Leipzig.
[11] Justizminister Kinkel vor Staatsanwälten und Richtern auf dem 15. Deutschen Richtertag in Köln am 23. September 1991.
[12] Die Zahlen nennt Herbert Graf in „Ossietzky“ 16/2018. Zahlen zur Ökonomischen Situation der DDR stammen aus den Erinnerungen von Gerhard Schürer aus seinem Buch „Geagt und verloren.“