Riposter ensemble à l’offensive anticommuniste généralisée de l’automne 2019 – Déclaration du Comité Internationaliste pour la Solidarité de Classe (C.I.S.C.)
Anniversaire dévoyé de la Libération de Paris, commémorations grossièrement partiales du Traité de non-agression germano-soviétique,
de l’ouverture du Mur de Berlin, de la proclamation de la République
populaire chinoise ou de la Révolution cubaine de 1959 : faisant flèche
de tout bois, tronquant les faits et pratiquant sans vergogne les
amalgames les plus indécents, les stratèges de la contre-révolution
idéologique permanente ont soigneusement organisé leur ballet médiatique
fait d’anticommunisme recuit, d’antisoviétisme de confort, de
russophobie haineuse et de sinophobie sans limites. Ils sont
d’autant plus sûrs d’eux que les voix discordantes sont
« démocratiquement » exclues des grands médias d’Etat et de la grande
presse privée monopolisée par les maîtres du grand capital. Les objectifs de cette campagne politique travestie en « devoir de mémoire » sont clairs :
1°) S’agissant de la Résistance communiste armée française,
il s’agit soit de la minimiser, soit de la criminaliser carrément, en
gommant le fait majeur que les communistes français ont commencé à
résister au fascisme bien avant la déclaration de guerre de 1939 (lancement
du Front populaire antifasciste, organisation des Brigades
internationales d’Espagne à l’initiative de l’Internationale communiste
et refus de la « non-intervention » décrétée par Léon Blum, dénonciation
du Pacte de Munich, appel clandestin à résister lancé par Charles
Tillon à partir du territoire national dès le 17 juin 1940 au nom du
PCF, Appel Thorez-Duclos du 10 juillet 1940 comportant la phrase
historique « Jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple
d’esclaves »…) et
que, de très loin, les organisations de FTPF et de FTP-MOI créées à
l’initiative du PCF clandestin furent le fer de lance de la Résistance
armée intérieure couronnée par l’insurrection parisienne d’août 1944,
sans parler des maquis du Limousin et de la grande grève patriotique des
mineurs du Nord lancée par le PCF et par la CGT en Mai et Juin 1941 :
d’ailleurs, sans minimiser en rien l’apport des autres forces
résistantes de l’intérieur et de l’extérieur, ce sont de très loin les
communistes et les cégétistes qui ont subi les fusillades de masse de
Châteaubriant, de la Citadelle d’Arras et du Mont Valérien, pour ne
parler que d’elles ; le but des conjurés de l’anticommunisme
contemporain est sans doute, profitant du grand âge des combattants de
la Résistance, de priver les communistes français de leur légitimité
patriotique : il s’agit pour cela de cacher l’apport décisif des
communistes à l’élaboration du programme du CNR, lequel s’est traduit
par les avancées sociales et démocratiques dont les ministres
communistes de 1945/47 furent les principaux artisans : première forme
du SMIG, statut des mineurs, statut des fonctionnaires, nationalisation
du sous-sol (Maurice Thorez), nationalisation d’EDF, de Renault et de la
SNECMA (Marcel Paul, Charles Tillon, François Billoux),
Sécurité sociale, retraites par répartition, Code du travail, comités
d’entreprise, généralisation des conventions collectives (Ambroise Croizat), relance démocratique de l’Education nationale et de la Recherche publique (Henri Wallon, Frédéric Joliot-Curie…),
tous ces acquis de civilisation que rendit possible le projet du CNR de
« mettre le monde du travail au centre de la vie nationale » sont
aujourd’hui méthodiquement détruits, au nom de la « construction »
européenne, par les gouvernements maastrichtiens successifs dont on
comprend aisément pourquoi ils soutiennent en sous-main les campagnes
anticommunistes : noircir et salir le passé est indispensable pour impulser les régressions présentes et futures…
Ukraine |
2°) S’agissant du Traité de non-agression soviéto-allemand de 1939,
il s’agit de le présenter mensongèrement comme une « alliance des
totalitarismes contre les démocraties » ; pourtant, l’URSS n’avait
cessé, au cours des années 1930, de proposer une alliance militaire
antihitlérienne aux démocraties bourgeoises occidentales ; or celles-ci
ont préféré, par antisoviétisme et par sympathie de classe inavouable à
l’égard des régimes fascistes violemment anti-ouvriers, antisoviétiques
et anticommunistes, cautionner Mussolini, favoriser la rébellion
franquiste et laisser Hitler se livrer à toutes ses prédations, du
réarmement officielau pacte de Munich en passant par l’Anschluss
de l’Autriche. Objectivement, si elle ne voulait pas se retrouver isolée
face à l’ensemble du monde capitaliste – non seulement les nazis mais
les « démocraties » occidentales en voie de fascisation et faisant même
le choix de la « drôle de guerre », puis de la défaite en 1939/40 – , si
elle voulait en outre éviter d’être prise en tenaille entre les
fascistes occidentaux et la dictature militaro-fasciste du Japon (« Pacte anti-Komintern »),
l’URSS n’avait pas d’autre possibilité que de diviser le front
antisoviétique menaçant des puissances impérialistes occidentales, que
de gagner du temps pour s’armer, que de tenter d’éloigner le plus
possible la Wehrmacht menaçante de ses frontières occidentales. Il est
ainsi proprement scandaleux (et confondant d’ingratitude historique !)
de tenter d’amalgamer sous le nom de « totalitarismes » le Troisième
Reich exterminateur et le pays qui, au prix d’énormes sacrifices, a
brisé la Wehrmacht de Stalingrad à Berlin et qui a longtemps supporté
l’essentiel du poids de la guerre antifasciste, qui lui a coûté près de
30 millions de morts. Pendant ce temps, la grande bourgeoisie française
dont certains héritiers continuent de diriger l’appareil d’Etat et le
CAC-40, collaborait au démantèlement de la France, tandis que la SFIO
avait, auprès de la droite et des radicaux, participé à la persécution
anticommuniste en France (décret Sérol d’avril 1940 punissant de mort la propagande communiste !)
tandis que les Etats-Unis d’Amérique n’ouvraient le « second front »
contre Hitler qu’au moment où déjà, le gros des forces allemandes
disposé à l’Est s’effondrait, de Leningrad à Koursk jusqu’à Berlin (investie par les seuls Soviétiques),
devant la poussée irrésistible de l’Armée rouge ouvrière et paysanne.
Il est lamentable, honteux pour l’intelligentsia française actuelle et
pour les milieux dirigeants de l’Education nationale que désormais, la
majorité des jeunes Français puisse croire de bonne foi que Hitler et
Staline étaient amis durant la guerre ( !), que ce sont principalement
les Anglo-Saxons qui ont gagné la guerre, que la Résistance française
n’a combattu que pour l’honneur (alors qu’elle a porté des coups très durs à l’occupant et qu’elle a pour l’essentiel libéré Paris par ses propres forces) alors que le général De Gaulle déclarait franchement en 1946 : « les Français savent que la Russie soviétique a joué le rôle principal dans leur libération ».
Comment qualifier autrement que de négationniste cette entreprise
permanente de falsification de l’histoire qui minimise, nie, voire
diabolise les exploits de l’URSS sans lesquels le nazi-fascisme allié
aux militaristes japonais et soutenu par le prétendu « Etat français »
de Pétain se serait sans doute emparé du monde et sans laquelle nous ne
pourrions pas discuter librement aujourd’hui !
Ecrasement du parlement russe 1993 |
3°) S’agissant de la « chute du Mur de Berlin »,
sa commémoration va sûrement donner lieu à une sarabande anticommuniste
et contre-révolutionnaire sans précédent avec, à la clé, la tentative
concrètement… totalitaire et fasciste (bien
qu’officiellement motivée par l’ « antitotalitarisme » !) – de
multiplier les interdictions de partis communistes (c’est déjà le cas en
Ukraine et c’est la direction prise en Pologne, en Hongrie, dans les
Etats baltes…)
et d’empiler les lois mémorielles anticommunistes proprement
liberticides et négationnistes. Des « lois » que cautionne déjà pour
partie l’UE dominée par Berlin, arrimée à l’OTAN et en proie à de lourds
préparatifs guerriers antirusses qui ne sont pas sans évoquer une
tentative de revanche historique sur Stalingrad ; eh bien, les militants
de la solidarité de classe internationaliste, antifasciste et
anti-impérialiste doivent avoir le courage de déclarer que, ni
l’annexion pseudo-démocratique de la RDA, ni l’implosion
contre-révolutionnaire du camp socialiste et de l’URSS n’auront apporté
de « grands bouleversements démocratiques » en Europe et dans le monde.
En réalité, ces évènements réactionnaires n’avaient d’autre but que
d’effacer autant que possible l’immense victoire prolétarienne d’Octobre
1917 et la grande victoire des peuples sur l’impérialisme allemand (URSS et mouvement communiste international en tête),
cette victoire qui avait rendu son indépendance à notre pays, permis de
criminaliser à juste titre le fascisme et l’extrême droite, ouvert la
voie à de grandes avancées sociales en France et en Occident, favorisé
la décolonisation des peuples d’Asie et d’Afrique, impulsé l’émergence
planétaire du mouvement pour l’égalité hommes/femmes et offert au camp
mondial du travail et du progrès le rempart du socialisme existant face
aux prédations incessantes de l’impérialisme et de ses vassaux ; amputé
de l’URSS, de la RDA, du camp socialiste et d’un fort Mouvement
communiste international fidèle aux conceptions marxistes-léninistes,
privé en Occident (hormis au Portugal et en Grèce) de puissants partis
communistes et révolutionnaires, le monde actuel est livré à une re-mondialisation contre-révolutionnaire du capitalisme-impérialisme qui, à bien des égards (course
ruineuse aux armements, agressivité tous azimuts de l’impérialisme US,
dégradations lourdes de l’environnement ravagé par la course au profit
maximal, fascisation de moins en moins rampante des démocraties
bourgeoises de plus en plus policières et répressives),
confère au monde contemporain des traits carrément exterministes en ce
sens que le maintien du pourrissant système capitaliste-impérialiste à
l’échelle planétaire sape les bases sociales et environnementales de
l’existence humaine dans son ensemble. Du reste, l’opinion populaire
dans la plupart des pays de l’Est et en Russie prend désormais
majoritairement acte du fait que, malgré les lacunes, erreurs et
distorsions diverses qui, selon les temps et les pays, ont affecté la première expérience socialiste de l’histoire dans des conditions géopolitiques où le capitalisme restait dominant, la destruction contre-révolutionnaire du camp socialiste constitue une catastrophe historique globale pour le camp du Travail et de l’émancipation humaine. Plus que jamais, le
sens de notre époque reste donc marqué par la confrontation entre le
capital et le travail, entre les peuples et l’impérialisme, entre les
tendances mortifères du capitalisme-impérialisme et l’aspiration
proprement vitale des peuples à construire un socialisme-communisme de
nouvelle génération tirant enseignement, sans reniement ni palinodie, des succès et des limites de la première expérience socialiste de l’histoire humaine.
Guerre de Tchétchénie, années 90 |
4°) S’agissant de la République populaire chinoise,
il ne s’agit ni de nier les contradictions que comporte le « socialisme
de marché » dont se réclame le PC chinois, ni de hurler avec les loups
de l’impérialisme euro-atlantique qui présentent la Chine comme l’
« ennemi stratégique principal » sans crainte de réactualiser le mythe
raciste du « péril jaune ». Qui peut sérieusement nier que la révolution
chinoise de 1949 ait libéré la Chine du colonialisme occidental et
japonais, qu’elle ait permis la réunification du territoire national,
qu’elle ait mis fin aux famines récurrentes qui frappaient les classes
populaires ? Et qui peut nier que l’actuelle République populaire
chinoise soit en passe de transformer ce qui fut un pays arriéré, affamé
et méprisé, en un grand Etat moderne à la pointe de la science et de la
technique, et où la grande pauvreté pourrait être éradiquée dans les
quelques années qui viennent ? Alors que nos grands pays occidentaux
riches à milliards, France macroniste en tête, plongent dans la
régression sociale, dans la désindustrialisation galopante et dans une
abrutissante vassalisation culturelle et linguistique…
5°) Il faut aussi riposter aux campagnes anticommunistes et antisocialistes qui caricaturent en permanence Cuba socialiste,
dont le « crime » principal est de résister au blocus de l’Empire
nord-américain depuis 1959 et de faire de la santé publique, de la
Recherche, du soin pour l’environnement et du développement éducatif,
les principaux moteurs du développement économique (alors que la santé,
la science et l’éducation sont traitées comme des fardeaux à
« dégraisser » dans les grands Etats en proie au néolibéralisme !).
Solidarité indéfectible aussi avec le Venezuela bolivarien
et avec les autres pays de l’ALBA que l’impérialisme s’emploie à
subvertir, non parce qu’ils connaissent d’indéniables difficultés
économiques (largement liées aux manœuvres impérialistes et au
torpillage organisé par la réaction « interne »), mais tout au contraire
parce qu’ils opposent au monde néolibéral de Maastricht, de l’ALENA, du
Mercosur, du CETA, de la « l’économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée »
(Traité de Maastricht), du tout-anglais aliénant et du tout-profit, une
esquisse de modèle alternatif reposant sur le principe d’une
coopération égalitaire entre pays souverains.
6°) En France même,
l’obsession anticommuniste et antisoviétique que répandent les médias
et nombre de manuels scolaires « d’histoire » alimente le dénigrement de
la Révolution française, de l’héritage jacobin, de la République une,
laïque et indivisible, de l’héritage des Lumières, des idéaux
progressistes et rationalistes et des conquêtes sociales issues de
l’action du PCF et de la CGT : tant il est vrai que la contre-révolution
anticommuniste ne s’arrête nullement aux bornes spatiales et
temporelles du 20ème siècle ni à celles de l’ex-camp socialiste ; si bien que la
destruction de l’Europe socialiste a permis un assaut réactionnaire
généralisé contre tous les acquis progressistes des révolutions
antérieures, y compris contre ceux des révolutions
bourgeoises-démocratiques des 18 et 19èmes siècles (et aussi contre les avancées des processus anti-impérialistes du 20ème siècle en Afrique, en Asie et en Amérique latine);
sans parler des contre-réformes incessantes qui visent à détruire les
conquêtes du CNR, du Front populaire et du combat laïque de 1905 !
Amazonie en feu, 2019 |
7°)
A l’échelle planétaire, les effets de la contre-révolution et des
campagnes anticommunistes récurrentes ne sont pas moins délétères tant
il est vrai que la force du camp socialiste et du Mouvement communiste
et anti-impérialiste mondial constituait le socle des luttes pour le
progrès social, pour la paix, la démocratie, la souveraineté des
peuples, l’égalité entre les sexes, les idéaux humanistes, l’avancée de
la rationalité critique ; partout et toujours se vérifie l’idée que l’anticommunisme, l’antisoviétisme et l’anti-léninisme, portent en leurs flancs la banalisation du fascisme – qui renaît partout en Europe - ,
du militarisme, des intégrismes religieux de toutes sortes, du
néolibéralisme ravageur et du néocolonialisme sous toutes leurs formes.
C’est
pourquoi en cet automne 2019, les antifascistes conséquents, et parmi
eux les communistes, mais aussi tous les vrais démocrates, patriotes,
progressistes, internationalistes et autres défenseurs de la paix
doivent – sans renoncer à leur réflexion critique propre sur la première
expérience socialiste de l’histoire – récuser
catégoriquement l’anticommunisme, et en particulier l’amalgame odieux
et indécent qui assimile, sous le nom de « totalitarisme », le
nazi-fascisme à ses principaux ennemis et vainqueurs historiques,
l’Union soviétique et le communisme organisé.
Cette résistance à la déferlante anticommuniste hexagonale, européenne
et mondiale concerne tous ceux qui, communistes ou pas, ont compris que,
comme disait Bertolt Brecht, « il est toujours fécond le ventre dont a surgi la Bête immonde » :
cette « Bête », c’est le fascisme et la fascisation, y compris quand
ils prennent des formes « nouvelles » et pseudo-modernes. Quant à ce
« ventre fécond », il porte toujours les mêmes noms : exploitation capitaliste, domination impérialiste et décervelage anticommuniste
cachant la haine de classe des dominants à l’encontre de celles et de
ceux qui résistent à la mondialisation contre-révolutionnaire et à ses
prédations déshumanisantes et potentiellement exterminatrices.
Gilets jaunes, 2019 |
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Pour la direction nationale du CISC, Pierre Pranchère, président d’honneur, ancien député, ancien Résistant FTPF, Jean-Pierre Hemmen, président exécutif du CISC, fils de Fusillé de la Résistance, Vincent Flament, secrétaire général et rédacteur en chef de Solidarité de classe, Madeleine Dupont, trésorière nationale, Georges Gastaud, secrétaire international, fils d’un Résistant gaulliste.
S’associent notamment à ce texte : Léon Landini,
anc. officier FTP-MOI, Médaille de la Résistance, officier de la Légion
d’honneur, décoré par l’URSS pour faits de Résistance, président de
l’Amicale Carmagnole-Liberté, président national du Pôle de Renaissance Communiste en France (92) ; Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine, historienne (Paris VII) ; Jacques Kmieciak, journaliste, militant CGT, président de l’association des Amis d’Edward Gierek (62) ; Annette Mateu-Casado, coordinatrice nationale du PRCF, fille de combattants communistes antifranquistes (66) ; Fadi Kassem, secrétaire national adjoint du PRCF, agrégé d’histoire (78) ; Gilda Guibert, agrégée d’histoire, animatrice des Cafés marxistes (Paris) ; Jany Sanfelieu, militante PRCF, fille de combattant républicain espagnol antifasciste (89) ; Aurélien Djament, mathématicien, syndicaliste au CNRS (59) ; Jean-Claude Houseaux, médecin (84) ; Didier Olmos, militant du PRCF (18) ; Marie-France Fovet, militante internationaliste (56) ; Gilliatt de Staërck, conducteur, responsable national des Jeunes pour la renaissance communiste en France (22) ; Stéphane Sirot, historien du syndicalisme et du mouvement social (59) ; Anna Persichini, militante syndicale de la métallurgie (06) ; Anne-Marie Coustou, professeur d’histoire retraitée ; José Minard, ouvrier du bâtiment retraité, responsable PRCF du Boulonnais ; Ekin Tek, militant communiste (75) ; Benoit Foucambert, enseignant (81); Laurent NARDI, Conseiller municipal de Passy 74