samedi 6 janvier 2018

Combattre la criminalisation du communisme, socle idéologique de l'euro-fascisation

   

Par Georges Gastaud, secrétaire international du CISC 
5 janvier 2018

Fondé au début des années 90, le Comité Erich Honecker de Solidarité Internationaliste, dont le CISC continue aujourd’hui le combat, expliquait alors que la contre-révolution anticommuniste à l’Est, qu’ont aussitôt accompagnée la chasse aux sorcières, le négationnisme historique et la criminalisation du communisme, créerait nécessairement les bases idéologiques d’une fascisation de l’Europe. En effet, la Révolution démocratique bourgeoise française et la Révolution prolétarienne d’Octobre 17 sont tellement liées historiquement que la défaite provisoire de la seconde ne pouvait qu’impacter fortement les effets idéologiques progressistes de la première. Surtout à une époque où le capitalisme, depuis longtemps parvenu au stade de l’impérialisme (avec sans doute, une dimension de plus en plus « exterministe »), n’a plus grand-chose à voir avec l’élan progressiste qui marqua partiellement son essor au début du 19ème siècle.

Dans toute l’Europe de l’Est, l’anticommunisme officiel gonfle les voiles des néonazis

Toutes ces prévisions fondées sur l’analyse des rapports de forces politico-idéologiques entre camp du capital et camp du travail s’accomplissent hélas sous nos yeux de façon de plus en plus marquée. En Ukraine et dans les ex-Républiques soviétiques de la Baltique, l’interdiction des PC et la persécution concomitante des citoyens russophones rythment l’accession au pouvoir de régimes franchement pronazis sous le regard admiratif des puissances de l’UE/OTAN et de leurs supports « libéraux » et « sociaux-démocrates ». En Pologne, c’est la clique clérical-raciste des frères Kaczynski qui, du même mouvement, persécute le PC polonais, détruit méthodiquement la mémoire de la Pologne populaire et encourage l’ignoble parade des nostalgiques de Hitler dans les rues de Varsovie : ceux qui, en France, protestent contre les atteintes aux libertés en Pologne (de la presse, de la justice, de l’école, des femmes) SANS dire un seul mot pour défendre les communistes persécutés, font penser à ceux qui, en 1933, se sont d’abord réjouis de l’interdiction du PC allemand… avant de rejoindre très vite les communistes et les syndicalistes rouges dans les camps de concentration.

Triste revanche posthume pour Hitler !

Comment ne pas noter par ailleurs que, dans l’actuel « film » contre-révolutionnaire qui repasse à l’envers l’histoire progressiste du 20ème siècle, l’impérialisme allemand vit à l’heure de la revanche : forte de la « réunification » allemande, c’est-à-dire en clair, de l’annexion de la RDA, puis de la transformation du mark en « monnaie unique européenne », Merkel écrase toute l’Europe de l’Est et du Sud de son arrogance austéritaire. Et le budget militaire allemand s’envole à nouveau pendant que des néonazis s’implante au Bundestag et qu’en Autriche, pays natal d’Hitler, l’extrême droite accapare les postes-clés du gouvernement sans un hoquet de protestation de l’UE. Notons aussi qu’un Axe brunâtre Vienne-Budapest, qui n’est pas sans rappeler feu l’Empire habsbourgeois, se reconstitue actuellement. Dans le même temps, les voisins de l’Etat impérial allemand résurgent sont soumis à d’inquiétantes forces de marée qui menacent l’intégrité des Etats voisins, Belgique, Italie (la « PAdanie » de Bossi n’a que mépris pour l’Italie du Sud et lorgne ouvertement sur les grands et riches voisins germaniques, de même que la Flandre de la NVA méprise la Wallonie francophone et lorgne sur la ci-devant Flandre française…). Souvenons-nous que dans un passé pas si lointain, la Tchécoslovaquie – elle aussi limitrophe de la RFA – a été coupée en deux sans même qu’y soit organisé un référendum et que Berlin fut également le premier, avec le Vatican, a reconnaître unilatéralement le fascisant Etat croate en prenant froidement de provoquer l’embrasement guerrier et la partition impérialiste de la République fédérative socialiste de Yougoslavie. Le tableau serait très incomplet si l’on ne remarquait pas – ce que taisent sans cesse ceux qui diabolisent la République démocratique populaire de Corée – que le Japon militariste de Shinzo Abe réarme à toute vitesse, nie les crimes de guerre du Mikado et nargue ouvertement les populations chinoise et coréenne que l’armée nippone a martyrisée sans pitié dans les années trente et quarante. Remarquer cela n’est pas faire preuve de germanophobie car qui en France a fait plus que le CISC pour défendre les communistes allemands persécutés ? Et dénoncer la « revanche posthume d’Hitler » – pour reprendre une expression d’Henri Alleg – signifie encore moins dédouaner les gouvernements maastrichtiens français qui, de Mitterrand à Macron en passant par Chirac, Sarkozy et Hollande, ont prêté la main à la restauration de l’impérialisme allemand tout en démontant les conquêtes du Conseil national de la Résistance…


Criminaliser le communisme historique pour « sanctuariser » à jamais l’exploitation capitaliste

Enfin chez nous, on n’interdit pas encore les communistes – on se contente de les censurer totalement (pas UN journal national n’a par ex. mentionné le meeting du 4 novembre 2017 auquel à participé le CISC, en association avec le PRCF, à l’occasion du centenaire de la Révolution d’Octobre) – mais il y a eu plus de 1000 actions judiciaires intentées contre des syndicalistes CGT ou SUD à l’issue de la lutte contre la loi Travail I. Comment se fait-il que tant de syndicalistes qui, à juste raison, dénoncent la « criminalisation de l’action syndicale », se taisent quand il s’agit de la criminalisation de leurs frères de classe communistes ? Comment ne voient-ils pas qu’il s’agit d’un seul et même processus de diabolisation du drapeau rouge ? Car ce qu’on vise en diabolisant le communisme, c’est la contestation radicale du capitalisme, c’est la sauvegarde à tout prix du nouvel ordre européen capitaliste qui s’est construit, sous le nom d’Union européenne (« partenaire stratégique de l’OTAN »), sur les ruines de l’URSS, de la RDA et du camp socialiste ? Comment est-il encore possible de s’aveugler sur cette donnée historique majeure : l’UE de Maastricht est à l’Europe postcommuniste ce que l’Europe de Metternich fut à l’Europe qui suivit la défaite provisoire de la Révolution française : une SAINTE-ALLIANCE CONTRE-REVOLUTIONNAIRE qu’il est ridicule de prétendre « réorienter dans un sens progressiste » tant elle est conçue de A à Z pour rendre les régressions obligatoires !




Cautionner l’anticommunisme, un suicide politique pour tous les démocrates !

C’est pourquoi les « démocrates », « progressistes » et autres « internationalistes » qui restent de marbre quand on persécute les communistes à l’Est, et plus encore ce Parti de la Gauche Européenne qui ne pipe mot contre l’immense chasse aux sorcières qui dévaste les pays de l’Est depuis 25 ans, ne se contentent pas de manquer à leur devoir élémentaire : non pas l’alignement politique sur les communistes de l’Est européen (au demeurant fort divers !), mais la solidarité de classe contre la fascisation galopante du continent dont l’anticommunisme est, comme toujours, le carburant terriblement inflammable. Ces étranges « démocrates » manquent aussi à l’instinct de conservation le plus élémentaire : car si les partisans de la faucille et du marteau, qui furent toujours les combattants antifascistes les plus déterminés, sont partout réduits – non pas au silence (Hitler lui-même n’y est pas parvenu, et l’on sait comment il a lui-même fini sous les coups de boutoir de l’Armée rouge !), mais à la clandestinité, ce sont les libertés démocratiques, le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, voire la paix mondiale qui seront à la merci d’un capitalisme de plus en plus prédateur, impérialiste, économiquement chancelant et politiquement fascisant.

Réapprendre à temps à nommer le « ventre » d’où ressurgit déjà la Bête immonde !

« Il est encore fécond le ventre d’où a surgi la Bête immonde », écrivait le dramaturge antifasciste Bertolt Brecht. Cette « Bête », c’est l’euro-fascisation, dont le terme est le fascisme proprement dit et son fruit inévitable : la guerre impérialiste mondiale. Mais ce « ventre » hideux, combien de ceux qui rabâchent la formule de Brecht sans la comprendre, sont-ils encore capables de le nommer tant ils participent trop souvent eux-mêmes de ce cancer de la pensée qu’il faut apprendre à nommer, et surtout à fustiger : l’ANTICOMMUNISME. Dans l’immédiat, la bataille de solidarité contre l’interdiction du PC polonais n’est donc pas seulement un acte élémentaire de solidarité internationaliste, elle est un appel vibrant à faire de la bataille contre l’anticommunisme, pour la démocratie, la paix et la liberté des peuples, l’affaire de tous les progressistes.

Monument à Lénine devant le bâtiment du gouvernement à Minsk

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