mardi 29 juillet 2014

CONFLIT EN UKRAINE SITUATION DEBUT JUILLET 2014 par Miguel Esteban



Vendredi 4 juillet 2014, le journal français « Le Monde », écrit que dans l’extrême est de l’Ukraine, sur la colline de Krasnodon, l’armée ukrainienne lance « l’assaut final » pour « venir à bout de l’insurrection armée qui, depuis deux mois et demi, embrase cette partie du pays ». « Nous attaquons », a dit le président Petro Porochenko, rompant ainsi le 1er juillet « un fragile cessez le feu de dix jours ». Son ministre de l’Intérieur promettrait que « les terroristes seraient vaincus en deux semaines ». Le quotidien français ne dit pas quel est le nom de ce « ministre de l’Intérieur » : s’agit-il du fasciste Ihor Teniouk (ex-) ministre de la Défense, ou de son collègue, directeur du Conseil National (de Kiev) de Sécurité Andriy Parubiy, qui n’est autre que le directeur de la milice militaire du parti néo-nazi Svoboda ? Et de quels « terroristes » s’agit-il ?
Le journal « Le Monde » dans ce même article avoue par ailleurs et en gros-titre ( !) « le bataillon séparatiste de Krasnodon est composé en majorité d’employés des mines environnantes (et de quelques volontaires russes) ». Ce serait donc eux les « terroristes » ? Or on sait qu’il reste beaucoup de communistes en Ukraine malgré la récente interdiction du P.C.Ukrainien ainsi qu’en Russie, indépendamment du gouvernement Poutine-Medvedev. Le périodique affirme aussi que « depuis le début du soulèvement dans l’Est, la frontière [Ukraine-Russie] est un enjeu vital pour les deux camps. Sans son contrôle, pas de victoire possible. » Par ce même journal, l’OTAN nous est confirmé comme un allié certain de Kiev, en documentant son armée sur les mouvements des troupes, de « l’équipement, les munitions et les volontaires russes ». Ceux-ci viendraient surtout de Rostov-sur-le-Don, côté russe à peu de kilomètres de Krasnodon. Ces volontaires seraient recrutés sur Internet avant de se concentrer dans la ville frontière de Rostov pour passer en Ukraine. Dans le sens inverse, des milliers de réfugiés, fuyant les violences, se dirigeraient massivement vers la Russie.
Car alors que l’attaque se porterait « sur les places fortes des séparatistes : Louhansk, Kramatorsk, Sloviansk, Andratsyt… », l’envoyé spécial de « Le Monde » affirme que « les séparatistes de Krasnodon » seraient « plus de 300, à en croire Andrei, un des commandants du groupe placé sous l’autorité de l’Armée du Sud-Est, la principale branche armée des séparatistes qui ont proclamé « Républiques Populaires » les régions de Donetsk et de Louhansk. » Et il décrit alors Andrei comme « un jeune homme calme, méticuleux », qui aurait « été nommé commandant à 28 ans parce que en général on lui fait confiance ». L’envoyé spécial même s’il rapporte la « froideur » de « sa colère » (pour reprendre ses termes) contre la prise de pouvoir par les fascistes de Kiev, et « contre les patrons de sa mine qui gagnent cent fois plus que lui en restant en sécurité à la surface », voudrait en même temps nous faire croire à l’ inexpérience d’Andrei, donc à une possible manipulation (sous-entendue russe), en décrivant une perte de contrôle de soi de la part d’Andrei, ce jeune commandant (Sachons que la plupart des jeunes commandants révolutionnaires dans l’histoire mondiale n’étaient guère plus âgés)… Et « en fait d’unité mobile » il décrit un « étrange équipage d’une trentaine d’hommes, mêlant des guerriers surarmés, l’air expérimenté, à de jeunes combattants ». « L’un d’eux traîne une kalachnikov trop grande pour lui », écrit-il…
Les sous-entendus de l’envoyé spécial du Monde, essaient de prouver l’amateurisme ou plutôt l’impréparation des séparatistes et une manipulation qui ne pourrait être que russe. Et il veut ainsi nous faire croire à une annexion pure et simple de Donetsk en rapportant en anecdote et en conclusion : l’histoire du SMS inattendu de l’opérateur du téléphone mobile, qui souhaite de façon inattendue la « Bienvenue en Russie » (en russe) en arrivant en voiture militaire par erreur dans cette ville : Donetsk. Suite à la description d’un parcours en automobile dans une confusion enfumée par les tirs de mortier ukrainien, partant de Krasnodon… Mais à lire cet article on sait que sous nos yeux cette révolte s’est réellement changée en révolution anti-oligarchique ; son caractère de classe est évident. Et on lit ailleurs que dans le journal « Le Monde » : « il y a aussi les travailleurs de Russie, qui sont solidaires du peuple frère ukrainien… ». Ce qui explique les volontaires russes.
En fait Andrei ne ressemblerait-il pas plutôt à ces jeunes officiers, plus ou moins improvisés, de la guerre révolutionnaire espagnole de 1936 contre le franquisme ? Cette guerre civile actuelle contre un centre, pouvoir fasciste à Kiev, anti-communiste (une des premières mesures de ce gouvernement a été d’interdire le P.C. d’Ukraine), curieusement européiste et allié à l’OTAN, ressemble réellement à un sursaut populaire rebelle de résistance. On lit ailleurs que des forces de Progrès seraient passées à l’offensive contre les forces fascistes de la Réaction. Faut-il attendre l’issue de cette guerre pour reconnaître une tentative d’organisation en républiques révolutionnaires et populaires ? Donetsk, Louhansk, Donbass, voyez vous-même sur internet… Combien de temps tiendront-elles ?...
Que pensent et veulent réellement Poutine, Medvedev et Lavrov ? Soutiendront-ils ouvertement une « République Populaire » dans l’Est de l’Ukraine, jusqu’au bout ? Ce serait leur intérêt ? Car c’est stratégiquement vital pour la Russie. Et la menace de l’OTAN leur est évidemment inacceptable... Après le début des sièges et pilonnages à armes lourdes, le 11 juillet, des villes de Donetsk et de Louhansk, la nouvelle pour le 14 juillet de cet avion militaire des forces de Kiev abattu par un missile russe est-elle vraie ou est-elle de « l’enfumage médiatique » ? Puis le 16 un autre ? Sachant que le gouvernement de Poutine n’a pas reconnu les Républiques Populaires du Donbass, pour leur donner au niveau international une existence légitime… L’Europe et surtout l’Allemagne, sont-elles prêtes à se priver du gaz russe ? Vraisemblablement pas, malgré des appels à sanctions anti-russes. Mais l’U.E. (soutien aussi de Porochenko) peut-elle être entraînée par les USA dans un conflit, surtout si Porochenko et ses forces fascistes en arrivaient à faiblir ? Jusqu’à quel point les USA en revanche veulent installer l’OTAN jusqu’à Odessa, en Crimée ? Puis le 18 juillet tombe la nouvelle qu’un boeing des Malaysian Airlines (avec à son bord un sénateur néerlandais, des scientifiques et autres civils) en partance de Hollande en direction de l’Australie a été abattu par un missile sol-air : les deux parties, Kiev et les rebelles, s’accusent mutuellement… Poutine en appelle à un règlement urgent du conflit.
On sait que Poutine, Medvedev, Lavrov et tout le corps diplomatique qui les accompagne, s’entendent bien avec Cuba (et avec l’ensemble des pays de l’ALBA). Mais celui qui écrit ces quelques lignes ne connaît pas la position officielle cubaine sur le sujet, depuis avril dernier. Malgré sa puissance militaire certaine : il est fort douteux que Cuba s’engage dans un conflit, le temps des interventions africaines et angolane en particulier, est bien révolu. En revanche Cuba (comme les autres pays de l’ALBA) reconnaitrait certainement les Républiques du Donbass, si Poutine reconnaissait ces Républiques Populaires… et que ferait la Chine ? Puis alors d’autres pays ?
On n’est pas loin d’une internationalisation du conflit de toute façon… Mais jusqu’à quand vivront ces Républiques Populaires de l’Est de l’Ukraine ?... Assurément le risque de guerre mondiale pourrait bien leur survivre…


Miguel Esteban, 18/07/2014.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire