lundi 11 septembre 2017

En Haute-Silésie (Pologne) : Mobilisation pour sauver le rond-point Gierek



A Sosnowiec, le rond-point « Gierek » du nom de l’ancien n° 1 du Parti ouvrier unifié polonais (POUP) de 1970 à 1980, est menacée de débaptisation dans le cadre de la loi dite de « décommunisation » votée par l’extrême droite polonaise en avril 2016.

Le maire de cette ville de Haute-Silésie d’où est originaire Edward Gierek (1913 – 2001) s’oppose à ce changement de nom. Ce printemps, il écrivait au président de la République Jaroslaw Kaczynski pour lui dire son indignation face à une telle perspective. Dans la foulée, la municipalité organisait une consultation publique auprès de la population. Près de 13 000 habitants y ont pris part. 97,3 % des votants se sont prononcés pour le maintien du nom "Gierek" toujours aussi apprécié pour son rôle dans le développement de cette région industrielle !



Mineur dans le Pas-de-Calais

Son souvenir reste tout aussi vif dans le Nord de la France, où sa famille a émigré au milieu des années 1920. Mineur de charbon habitant Libercourt puis Leforest dans le Pas-de-Calais, militant de la CGT Unitaire et du PCF, Edward Gierek a été l’un des acteurs de la grève de la fosse 10 de la Société des Mines de l'Escarpelle du 6 au 8 août 1934. L’une des premières grèves au fond d’un puits de mine de l’Hexagone ! Ce mouvement de protestation contre la politique répressive du patronat des Mines s'est soldé par l'expulsion de dizaines de grévistes et l’arrestation des meneurs incarcérés à la prison de Béthune ! Edward Gierek est donc expulsé vers la Pologne en cet été 1934, avant de revenir en Occident, trois ans plus tard. Il gagne alors les mines du Limbourg en Belgique qu’il quitte en 1948, dans le cadre de la politique de rapatriements orchestrés par le gouvernement polonais. Membre du POUP, il gravit les échelons de la hiérarchie du parti dont il prend la tête en 1970. Il a alors le statut d’un chef d’Etat. Toujours sous le coup d’un arrêt d’expulsion, Edwar Gierek revient en France dans le cadre de visite officielle, en 1972 et 1979.



Pétition en ligne

La municipalité de Sosnowiec avait jusqu’à ce 2 septembre pour se plier aux injonctions de l’Institut polonais de la mémoire (IPN) et du gouvernement qui ont placé Edward Gierek sur leur « liste noire » des militants dont il s’agirait d’effacer la mémoire. Refusant de se plier à cette exigence marquée au sceau du révisionnisme et de l’anticommunisme, la municipalité s’expose ainsi à des sanctions financières. C’est au gouverneur de la province de prendre, en dernier ressort, la décision. Le SLD (Sojusz Lewicy Demokratycznej / Alliance de Gauche démocratique) de Sosnowiec, a pris l’initiative de s’adresser au gouverneur de la province via une pétition accessible en ligne (http://www.petycje.pl). Les pétitionnaires assurent que le nom de Gierek reste associé du développement le plus dynamique de la ville depuis 115 ans et sa fondation. La période des années 1970 a offert à Sosnowiec de se doter d’infrastructures (transport, logements, etc.) synonyme de développement et d’amélioration des conditions de vie des habitants. La popularité de Gierek est confirmée par les fleurs et les bougies qui sont déposées sur sa tombe, chaque année, en juillet, mois de sa disparition. Sans sombrer dans l’idolâtrie, les signataires demandent seulement que ses mérites tangibles ne soient pas effacés des mémoires.

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